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Paradis fiscaux : une liste noire qui ne fait peur à personne

Ce mardi, l’Union européenne a dévoilé la « liste noire » des paradis fiscaux établie par les ministres des finances des Etats membres. Dix-sept États, « qui ne font pas le nécessaire pour lutter contre l’évasion fiscale » y sont recensés. À ce premier groupe de mauvais élèves, s’ajoute une autre liste, « grise » cette fois, de quarante-sept autres pays « ayant pris des engagements qui doivent être suivis ».
Comme en juin 2015 après le scandale financier LuxLeaks, la Commission européenne se donne bonne conscience en pointant un ensemble de « juridictions non coopératives ». Initiative louable, certes, mais pourquoi rester ostensiblement loin du compte et épargner les poids lourds de l’optimisation fiscale, à commencer par ceux qui se trouvent au sein même de l’Union européenne ?
Où est l’Irlande, sommée de réclamer à Apple les 13 milliards d’avantages fiscaux indus accordés à Apple ? Où sont les Pays-Bas, repaire prisé des grands flibustiers de l’impôt sur les sociétés ? La liste des absents fera sourire plus d’un fiscaliste. Suisse, Bahamas, Îles Caïmans, Jersey, Guernesey, Hong-Kong, Île de Man, Bermudes, Gibraltar, Taïwan, Singapour, Delaware, Albanie, Jersey : il n’en manque pas un au récent palmarès des Paradise Papers. Quelle occasion ratée !
L’évasion fiscale et la fraude menacent pourtant directement les économies européennes et mondiale. Le manque à gagner, en Europe, est évalué à 1 000 milliards d’euros chaque année. En France, il équivaut à notre déficit public, soit 70 à 80 milliards d’euros. Il est urgent de se donner les moyens de punir ceux qui, en cherchant à s’affranchir de l’impôt, refusent de payer le prix de la civilisation.
Allons-nous tolérer encore longtemps une telle fraude massive, devenue aussi simple qu’un clic sur Internet ? La solution d’évasion fiscale proposée par Airbnb, via une carte de crédit installée à Gibraltar, éclaire à nouveau l’obsession des géants du numérique à se soustraire au fisc.
Aucun compromis ne doit être accepté. Le « plaider coupable » inscrit dans la loi Sapin 2, qui permet à une institution financière de régler une amende plutôt que les sommes dues, doit être remis en cause. C’est par ce biais que la banque HSBC va pouvoir régler à la France 300 millions d’euros alors que le montant de la fraude avérée s’élève à quelque 1,6 milliards. L’Assemblée nationale a accepté cet « accord » scandaleux via un amendement présenté en dernière minute dans la nuit du 4 au 5 décembre. Avec de nombreux députés, de tous bords, nous nous y sommes opposés, en vain.
La lutte contre le fléau de l’évasion réclame une réponse puissante, collective et concertée. C’est pourquoi les parlementaires communistes demandent l’organisation d’une COP mondiale de la finance, conformément au vote des députés le 2 février 2017.

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