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Questions au gouvernement

Nationalisation de Florange

La parole est à M. André Chassaigne, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. André Chassaigne. Ma question aussi s’adresse à M. le ministre du redressement productif.
Monsieur le ministre, les chiffres du chômage du mois d’octobre sont particulièrement alarmants. Toutes catégories confondues, ce sont plus de 71 500 chômeurs supplémentaires qui se sont inscrits à Pôle emploi. Cette réalité nous montre une fois de plus les effets délétères des politiques d’austérité qui compriment l’activité depuis des années.
Pour contrecarrer cette saignée de l’emploi, il est urgent de changer radicalement de politique économique en mettant la finance au service de l’économie et non l’inverse.
C’est en visant cet objectif que les outils d’intervention de l’État doivent être diversifiés. Il est temps que l’État prenne des participations, non pas pour socialiser les pertes et privatiser les profits, mais pour redynamiser des secteurs clés de l’économie, dans l’intérêt général.
C’est à ce titre que les députés communistes et du Front de Gauche appellent à la nationalisation du site ArcelorMittal de Florange. Cette prise de participation, loin d’être temporaire, doit être pérenne. Elle doit viser la préservation de l’activité et de l’emploi, ainsi que la mise sur pied d’un véritable projet industriel durable pour la sidérurgie lorraine, française et européenne. Elle doit permettre aux salariés de bénéficier de nouveaux droits et d’une participation largement accrue aux décisions de l’entreprise.
Ici comme ailleurs, la nationalisation est le moyen de porter un coup d’arrêt réel au démantèlement de notre outil productif.
Alors, monsieur le ministre, allez-vous nationaliser Florange, vraiment nationaliser, nationaliser dans la durée ?
M. le président. La parole est à M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif.
M. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Monsieur le député André Chassaigne, comme je le disais tout à l’heure, le scénario d’une nationalisation temporaire est sur la table. Cela a été rappelé, d’ailleurs, par Michel Sapin ce matin.
Qu’est-ce que ce choix ? C’est d’abord le choix de préserver et de protéger des outils industriels qui sont viables, et rentables, et durables, surtout lorsque des opérateurs privés se déclarent en mesure de les faire vivre, fonctionner et prospérer, c’est-à-dire lorsqu’il y a une solution industrielle de long terme. C’est en ce sens que la nationalisation temporaire permet une alliance entre l’État et un industriel privé, car l’État ne sait pas, malheureusement, produire et vendre de l’acier, mais il peut soutenir, aider un opérateur privé qui, lui, peut sauver des outils industriels qui, pour des raisons que vous connaissez dans l’affaire lorraine, sont menacés de disparition.
Lorsque le cours de l’acier est bas, on ferme Florange mais, il y a trois ans, les hauts-fourneaux de Florange tournaient à plein régime. Si on laisse fermer ces hauts-fourneaux, eh bien, lorsque le cours de l’acier sera haut sur le marché européen, la France importera de l’acier. Ce n’est pas le sens, vous le comprenez, du redressement productif, d’où l’utilité de la nationalisation temporaire. Nous souhaitons par ailleurs qu’elle ait lieu à coût nul pour les finances publiques, et nous envisageons ainsi l’usage de participations de l’État, parfois dormantes, que nous pourrions affecter au financement de ce scénario.
Voilà, monsieur le député, l’esprit et la doctrine du redressement productif. Je vous remercie de votre soutien. Je remercie l’ensemble des députés, sur tous les bancs de cet hémicycle, qui considèrent ce scénario comme solide, crédible et d’avenir. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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