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Questions au gouvernement

Crise financière

M. le président. La parole est à M. Jacques Desallangre, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. Jacques Desallangre. Ma question s’adresse au Premier ministre.
La crise du capitalisme fou continue d’exercer ses ravages sur l’économie réelle. Nous qui dénoncions les vertus autoproclamées du néocapitalisme financier, un néocapitalisme ignorant le mot social, nous ne triomphons pas au spectacle du chaos qui frappe le système que vous avez tant vanté et que vous soutenez encore. Non, nous ne triomphons pas, nous appelons au remplacement de ce système.
M. Alain Gest. Par quoi ? Par le système soviétique ?
M. Philippe Meunier. On le connaît, son système !
M. Jacques Desallangre. Souvenons-nous : hier en France les caisses étaient vides ; elles étaient vides pour réduire le déficit du système de protection sociale et éviter le racket d’un milliard d’euros des mutuelles ; elles étaient vides pour l’hôpital public ; vides pour le pouvoir d’achat des Français ; vides pour l’emploi ; vides le logement. Elles étaient vides, vides, vides !
Et puis miracle : les voilà pleines pour sauver les banques (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) dont les dirigeants, gorgés de stocks options, de golden hello, de parachutes dorés et de retraites chapeaux, ont spéculé follement et spolié leurs clients.
M. Philippe Plisson. C’est vrai !
M. Patrick Roy. C’est scandaleux !
M. Jacques Desallangre. Tout à coup, voilà que les milliards valsent : 320 milliards, 40 milliards, 10 milliards, un fonds pour recapitaliser, un autre pour garantir le système des prêts, un fonds souverain, une caisse d’aide, et encore, encore et encore !
Mais rien n’est annoncé pour nous préserver d’autres crises. Car votre obsession est de sauver ce système pervers qui a pourtant fait faillite. Régénérer le capitalisme, dixit M. Sarkozy. Dérisoire !
Vous découvrez, toute honte bue, les vertus de l’intervention de l’État. Interventionnisme d’État : ces mots-là, vous les prononciez hier avec mépris. Pourtant, pour n’avoir pas voulu surveiller et réguler l’activité bancaire, vous êtes aujourd’hui l’otage de votre imprévoyance. Pour surveiller, prévoir, garantir, vous ne proposez qu’une formule : les titres subordonnés. « Subordonnés » ! Comme ils portent bien leur nom, puisqu’ils ne donnent aucun droit de regard à l’État sur la gestion des établissements bancaires bénéficiaires de la mesure ! Le contribuable paie, le banquier décide. Vous avez inventé la nationalisation partielle à durée déterminée. Déterminée par les banques seules, bien sûr !
M. Jean-Michel Ferrand. Où est-elle, la question ?
M. Jacques Desallangre. Mais enfin, quelles décisions concrètes allez-vous prendre...
M. le président. Quelle est votre question, monsieur Desallangre ?
M. Jacques Desallangre. Je suis précisément en train de la poser !
Quelles décisions concrètes allez-vous prendre pour agir dans le domaine de la transparence et la gouvernance des institutions financières en matière d’exposition aux risques, de recours aux paradis fiscaux et d’engagement sur les marchés à terme ou produits dérivés ?
M. Lucien Degauchy. Elle n’est pas finie, sa question ?
M. le président. Merci, monsieur Desallangre !
M. Jacques Desallangre. Répondez aux Français à qui vous annoncez la baisse de rémunération du livret A. Ils ont le droit, cher payé, de savoir ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation.
M. Maxime Gremetz. Où sont les ministres ?
M. Luc Chatel, secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation. Monsieur le député, je ne peux vous laisser caricaturer à ce point la riposte du Gouvernement à la crise économique et financière que nous traversons. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC.)
La première étape visait à éviter la faillite du système bancaire. Non pas, comme vous l’avez prétendu, pour faire un cadeau aux banques, mais tout simplement pour sauver l’épargne des Français. (Exclamations sur les mêmes bancs.) Il fallait ensuite permettre aux Français d’accéder au crédit à la consommation ou à l’immobilier. Il fallait enfin permettre à nos entreprises de continuer à investir en ayant accès au crédit bancaire.
Je ne peux donc accepter la façon dont vous avez caricaturé ces mesures qui n’ont pas mobilisé un seul euro du budget de l’État. Vous ne pouvez pas continuer à arguer de ces 360 milliards d’euros. Vous savez fort bien qu’il s’agit de garanties de l’État qui en aucun cas ne viendront grever le budget.
M. Maxime Gremetz. Arrêtez !
M. Jacques Desallangre. Vous pariez combien ?
M. Luc Chatel, secrétaire d’État. La deuxième étape, monsieur le député, a consisté à soutenir notre économie, grâce au plan de 22 milliards d’euros à destination des PME...
M. Maxime Gremetz. Et les 10 milliards des banques ?
M. Luc Chatel, secrétaire d’État. ...qui doit leur permettre d’accéder au marché, de poursuivre leur activité et leur investissement. Nous soutenons aussi l’économie en améliorant la compétitivité de notre industrie, grâce à la réforme de la taxe professionnelle que nous sommes en train de préparer et qui prévoit notamment la suppression de la taxe professionnelle à hauteur des nouveaux investissements réalisés.
La troisième étape, c’est le plan emploi, les mesures annoncées hier par le Président de la République et évoquées à l’instant par Laurent Wauquiez, qui vont proposer une réponse à ceux qui sont les plus victimes de cette crise économique.
M. Maxime Gremetz. Et les 44 millions de détenteurs de livret A ? Ce ne sont pas eux qui ont spéculé, mais ce sont eux qui vont payer !
M. Luc Chatel, secrétaire d’État. Toute cette action, monsieur le député, je ne peux pas vous la laisser caricaturer ainsi. Cette crise financière, avec le sommet du 15 novembre prochain qui permettra d’édicter de nouvelles règles financières mondiales, nous oblige à nous tourner vers les XXIe siècle. (Exclamations sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC.) Il serait bon que le parti communiste en fasse de même ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jacques Desallangre. Dérisoire !
M. Philippe Briand. Des communistes, il n’y en a plus !

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Jacques
Desallangre

Député de Aisne (4ème circonscription)

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