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Questions au gouvernement

Politique générale

Madame la ministre Ségolène Royal, je vous remercie de la justesse de vos propos. (Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains – Applaudissements sur sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
Monsieur le Premier ministre, tragédie en trois actes.
Acte I : la semaine dernière, le Président François Hollande est contraint de renoncer à se présenter à sa propre succession. Il n’a pas la force d’assumer le bilan de son quinquennat devant le peuple, peuple qui pensait avoir mis la gauche au pouvoir et qui a finalement subi une politique libérale et austéritaire.
Acte II : Manuel Valls, visage incarné du social-libéralisme autoritaire, et Premier ministre pendant plus de deux ans, se porte candidat à la primaire socialiste. Il entre en scène, drapé des atours de la gauche, oubliant ses longues tirades sur les composantes « irréconciliables » de celle-ci. Le moment est tragique : victime d’un brutal dédoublement de personnalité, le candidat Valls Manuel force le trait au point de laisser croire qu’il désavoue la politique du Premier ministre Manuel Valls. Il incarne en effet désormais un héros démocrate, humaniste et assoiffé de justice sociale, un héros étranger au Premier ministre socialiste des coups de force et du recours répété au 49-3, un héros étranger au Premier ministre du discours identitaire qui a promu la déchéance de la nationalité, un héros étranger au Premier ministre de la régression sociale.
Monsieur le Premier ministre, avant que le rideau ne tombe, vous avez désormais la lourde tâche de solder cette législature sur fond de profonde déception, de divisions et de rejet de nos concitoyens, toujours plus nombreux à être confrontés au chômage et à la précarité. Dans ce dernier acte, cornélien s’il en est, aurez-vous, monsieur le Premier ministre, un ultime sursaut ? Abrogerez-vous les mesures les plus régressives de ce quinquennat : loi Macron, cadeaux aux entreprises sans contreparties, loi travail ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Monsieur le président Chassaigne, je connais votre passion, votre sincérité et aussi votre habileté qui n’a d’égale que les deux premières, c’est dire si elle est grande. Je sais aussi la parfaite conscience que vous avez en toute circonstance du calendrier et l’intérêt qu’il peut y avoir, au moment le plus opportun, à soulever telle question plutôt que telle autre. Je vous félicite donc, monsieur Chassaigne, pour votre question. (Sourires sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.) C’est le premier point que je voulais exprimer dans ma réponse.
Deuxièmement, qu’y a-t-il derrière votre question ? Tout ce qui a présidé durant cette législature à la relation entre les gouvernements successifs et votre groupe. Nous ne mènerions pas, selon vous, une politique qui, en raison des valeurs qui nous sont communes, serait suffisamment à gauche. Je vais prendre quelques exemples extrêmement concrets pour vous convaincre et vous ramener à nous.
M. André Chassaigne. Vous aurez du mal !
M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Je suis convaincu qu’il existe un chemin pour y parvenir.
Ainsi, lorsque le Gouvernement décide, alors que les services publics ont été abaissés au cours des années précédentes, de créer 60 000 postes dans l’éducation nationale pour que l’égalité des chances, qui est consubstantielle à la République, puisse être vivante et s’affirmer, est-ce que ce gouvernement est de gauche ou non ? Il est de gauche assurément, et c’est une grande fierté bien entendu pour cette majorité que d’avoir pris cette mesure. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
Lorsque cette majorité, qui est attachée à ce que ceux qui assurent la protection des Français puissent le faire dans un cadre républicain qui leur garantisse qu’ils en auront les moyens, recrée des postes dans la gendarmerie, dans la police, dans les services de renseignement, et leur redonne des moyens, sommes-nous ou non un gouvernement de gauche ? Oui, nous sommes un gouvernement de gauche ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
Lorsque nous décidons, sur le plan social, de mettre en place le compte personnel d’activité et le compte pénibilité, de généraliser le tiers payant, de rétablir les comptes du régime général de la Sécurité sociale sans réduire aucun remboursement, sommes-nous de gauche ou non ? Oui, nous sommes de gauche !(Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
Et lorsque nous décidons de redresser les comptes publics sans à aucun moment toucher au patrimoine de ceux qui n’en ont pas en ne cessant de rehausser les services publics, sommes-nous de gauche ou non ? Oui, nous sommes de gauche ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain. – Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)
Dès lors, monsieur Chassaigne, quand on voit d’autres formations politiques dont le candidat a été brillamment désigné lors d’une primaire et dont le programme consiste à remettre en cause tout le système de protection sociale français et que l’on sait qu’un tel danger se présente à la République, on essaie de rassembler les forces pour que le pire n’advienne pas !(Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et sur plusieurs bancs du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.)
M. André Chassaigne. Et la loi travail ?

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