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Questions au gouvernement

Situation de l’Hôpital public

La parole est à M. Sébastien Jumel, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. Sébastien Jumel. Monsieur le Premier ministre, la ministre des solidarités et de la santé a annoncé aujourd’hui vouloir remplacer la carte Vitale par la carte bleue en portant le forfait hospitalier à 20 euros. (Murmures sur plusieurs bancs du groupe REM.)
Mme Caroline Fiat. Eh oui !
M. Sébastien Jumel. À la veille de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, des voix montent dans les hôpitaux pour dire : « Nous ne sommes plus en capacité d’assumer humainement nos missions. » Ce constat est partagé par l’ensemble de la chaîne hospitalière. L’hôpital est en souffrance. Le récent reportage d’Envoyé spécial a montré l’accablant quotidien des hospitaliers : le management par les coûts prend le dessus sur le devoir de soin.
Cette culture fait mal au service public. Elle prend en otage les personnels poussés à la schizophrénie entre leur éthique professionnelle et ce que les agences régionales de santé – ARS – leur imposent : compter, économiser, alléger. J’aurais pu vous parler de la tarification à l’activité et des innovations des « tueurs de coûts », mais il aurait fallu passer sous silence les réalités humaines.
Quand le Président de la République affirme qu’il veut amputer de 15 milliards d’euros les dépenses de l’assurance maladie, je vous mets en garde. L’hôpital vit une crise sociale et morale du fait de son impuissance face à la crise sanitaire qui existe dans un grand nombre de nos territoires. Les hospitaliers sont à bout.
Faites le tour des hôpitaux sans le filtre des visites organisées. Venez visiter avec moi les urgences d’Eu, avec Hubert Wulfranc le centre hospitalier universitaire de Rouen ou avec Elsa Faucillon l’hôpital Bichat-Beaujon !
M. Aurélien Pradié. Le Gouvernement ne visite que les crèches ! (Protestations sur quelques bancs du groupe REM.)
M. Sébastien Jumel. Monsieur le Premier ministre, je vous demande d’avoir le courage d’aborder la question hospitalière en tournant le dos à Bercy et à Bruxelles, faute de quoi vous risquerez de voir la corde se casser. Vous ne jurez que par les réformes. Je vous demande quelle est donc votre réforme pour sortir notre hôpital de l’asphyxie financière et inhumaine dans laquelle il est plongé depuis de trop nombreuses années. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, FI et sur plusieurs bancs du groupe NG.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre des solidarités et de la santé.
M. Aurélien Pradié. Elle est partie visiter une crèche !
Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Contrairement à vous, monsieur le député, je n’ai pas besoin d’aller visiter les hôpitaux : j’y ai passé vingt-cinq ans de ma vie. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe GDR.)
M. André Chassaigne. Les hôpitaux et les labos, vous connaissez très bien !
M. Sébastien Jumel. Vous savez donc que les hôpitaux sont en souffrance, madame la ministre !
Mme Agnès Buzyn, ministre. Je vous remercie vivement pour votre question relative à l’hôpital public. Vous savez que je suis extrêmement attentive à la situation des professionnels.
Des efforts ont été demandés depuis des années, depuis des décennies à l’hôpital public…
M. Sébastien Jumel. Tout à fait !
Mme Agnès Buzyn, ministre. …parce que celui-ci est financé à l’activité.
M. Sébastien Jumel. Ce qui est mauvais !
Mme Agnès Buzyn, ministre. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale – PLFSS – qui vous sera présenté traduira la nécessité de diversifier les modes de tarification de l’hôpital public, de façon à tarifer au parcours et d’arrêter de poursuivre un simple objectif de rentabilité des hôpitaux. C’est le meilleur moyen de transformer l’atmosphère qui règne dans l’hôpital public aujourd’hui. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM et MODEM.) Des propositions seront faites en la matière.
Outre cette question de la tarification à l’activité – T2A –, j’ai renforcé la mission relative à l’amélioration de la qualité de vie au travail. Je souhaite créer un cadre nouveau pour des organisations innovantes entre la ville et l’hôpital. Tout cela sera présenté dans le cadre du PLFSS.
Mme Danièle Obono. Le PLFSS prévoira-t-il aussi le recrutement de personnels supplémentaires ?
Mme Agnès Buzyn, ministre. C’est seulement à cette condition que nous arriverons à adapter notre système de santé aux enjeux, aux besoins et à améliorer les conditions de travail des professionnels de santé.
M. André Chassaigne et M. Sébastien Jumel. Vous devrez donc augmenter le financement de l’hôpital !
Mme Agnès Buzyn, ministre. C’est également à cette condition que nous pourrons permettre aux professionnels de s’engager pleinement en faveur des malades, en accord avec leurs valeurs professionnelles.
Monsieur le député, je vous remercie de votre question. (Applaudissements sur les bancs des groupes REM, MODEM et sur plusieurs bancs du groupe LC.)

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