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Questions au gouvernement

Pêche artisanale : l’Etat doit protéger la profession

Monsieur le ministre, il y a une semaine, nous vous avons remis un rapport sur la pêche, signalant les défis considérables qu’elle doit relever. Cette pêche à dimension humaine, qui irrigue les criées, qui préserve nos emplois, doit affronter le vieillissement des hommes et de la flotte, l’insuffisance des moyens accordés aux lycées maritimes, des règles inadaptées à l’embarquement des jeunes apprentis, la captation de nos droits à produire par des compagnies financières étrangères, ou encore une gouvernance complexe et opaque.

Sur nos quais, les 14 000 marins-pêcheurs à qui nous avons donné notre parole attendent un État qui ne soit ni spectateur, ni tatillon, mais fort, stratège, capable de fixer le cap, de les écouter, de les protéger, avec un ministère de plein exercice. Depuis quelques jours, des chalutiers-senneurs de plus de trente mètres, armés par des capitaux hollandais, vident la Manche Est de ses poissons, après avoir dévasté la mer du Nord. Pendant que s’opère cette razzia, nos bateaux font l’objet de contrôles tatillons. Cette situation préfigure ce qui peut se produire dans dix jours, en cas de Brexit dur.

La fermeture des eaux britanniques reporterait sur nos côtes l’effort de pêche de tous les bateaux de l’Union européenne. Monsieur le ministre, en cas de Brexit dur, êtes-vous prêt à prendre une mesure simple et forte en vue d’éviter cette concentration ? Pouvez-vous vous engager à limiter l’accès à la bande des 12 à 200 milles nautiques aux navires immatriculés dans nos ports, dans le respect de l’antériorité des bateaux français ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et UDI-Agir. – MM. Gilles Lurton et Jimmy Pahun applaudissent également.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation.

M. Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Monsieur le député, je voudrais vous remercier pour l’excellent rapport que vous-même et vos collègues Annaïg Le Meur et Daniel Fasquelle avez produit. Vous avez fait un remarquable travail d’enquête, d’écoute, de synthèse, qui ne terminera pas son existence sur une étagère, mais sous forme de propositions que le Gouvernement et vous trois pourrez faire dans les semaines à venir.

En effet, l’État n’est pas spectateur ; la semaine dernière, vous ne disiez pas cela, mais que nous pouvions travailler ensemble – et nous allons le faire. Je partage votre opinion concernant les grands chalutiers néerlandais (M. Bastien Lachaud proteste) : je ne sais pas s’ils exterminent réellement nos bancs de poissons, mais leurs agissements sont inacceptables ; je suis intervenu en ce sens auprès de la Commission européenne. Dans ce secteur comme dans les autres, la compétition doit être équitable.

Quant au Brexit, nous en avons discuté avec Mme Le Meur et M. Fasquelle, le Gouvernement est très attentif aux suites. Nous ne savons pas ce qu’il en sera, mais les Britanniques le savent-ils eux-mêmes ? En tout cas, le secteur de la pêche est prêt à affronter un Brexit dur, sans accord, tout comme un Brexit avec accord. Je réunirai à nouveau, dans les jours qui viennent, les représentants de la pêche et je me rendrai une nouvelle fois sur nos côtes pour rassurer, s’il en est encore besoin, les marins-pêcheurs de France.(Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

Vos compliments, monsieur le ministre, je m’en moque ! Les pêcheurs, comme les agriculteurs, n’ont pas de sortie de secours. Loin de se gargariser des discours, ils veulent des actes, des réponses précises à leurs questions précises ! Comment protégez-vous nos pêcheurs des chalutiers hollandais venus piller nos mers ? Comment les protégerez-vous demain du report de l’effort de pêche ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, FI et SOC.)

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