Interventions

Budget de l’État

PLF 2020 - Mission Travail et Emploi

Nous abordons le budget de la mission « Travail et emploi » dans un contexte de réduction brutale des droits des personnes privées d’emploi. Alors que l’enjeu de la sécurisation des parcours professionnels n’a jamais été aussi important, la réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur le 1er novembre, prévoit ni plus ni moins 4,5 milliards d’euros d’économies sur le dos des chômeurs dans les trois ans à venir.

Alors que plus de la moitié des personnes privées d’emploi ne sont pas indemnisées, elles devront désormais travailler au moins six mois pour ouvrir des droits au chômage ou les recharger. Les jeunes, les personnes en contrats courts et les intermittents de l’emploi subiront de plein fouet ces nouvelles règles.

De manière inique, cette réforme de l’indemnisation du chômage prétend s’attaquer à la précarité en réduisant les droits des plus précaires. Rien ne justifiait de prendre des mesures aussi régressives : ni le contexte social et économique, ni les comptes de l’UNEDIC – Union nationale interprofessionnelle pour l’emploi dans l’industrie et le commerce –, qui seraient revenus à l’équilibre en 2020 en l’absence de réforme.

Dans ce contexte, nous ne pouvons que déplorer la constance du Gouvernement dans son objectif de réduction des dépenses sociales. Le budget relatif à la politique du travail et de l’emploi pour 2020 est un budget de continuité dans l’austérité. Sans moyens nouveaux, il se résume à un jeu de bonneteau, qui fait des personnes privées d’emploi et des publics en difficulté les variables d’ajustement de la politique économique du Gouvernement.

Vous brandissez le nombre d’offres d’emploi non pourvues pour justifier bien des choses : la culpabilisation des chômeurs et la réduction de leurs droits, d’une part, mais aussi votre recours aux quotas, dans une démarche néolibérale et utilitariste à l’égard des migrants. Vous sacrifiez beaucoup dans cette manœuvre indigne.

Signalons également que vos chiffres, approximatifs, amalgament des offres durables et stables et des offres temporaires et précaires. Une fois mis en relation avec le nombre de chômeurs, ils paraissent bien faibles, et en tout cas insuffisants. Vous ne tirez pas les bonnes leçons du nombre d’offres sans réponses.

Parallèlement, la baisse du chômage est devenue votre argument favori pour justifier le désengagement de l’État dans le financement du service public de l’emploi. Pôle Emploi voit ainsi sa subvention réduite de 137 millions d’euros en 2020, après une diminution de 85 millions d’euros en 2019 et de 50 millions d’euros en 2018.

Si le chômage a tendance à refluer légèrement ces derniers mois, la précarité, elle, ne recule pas. Le nombre d’inscrits à Pôle emploi, toutes catégories confondues, dépasse les 6 millions. Le nombre de chômeurs de longue durée continue, quant à lui, de progresser. Plus que jamais il est donc nécessaire de faire toute sa place à cette grande idée, dans la protection sociale, de l’assurance chômage, qui remonte loin dans notre histoire.

Vous prétendez, avec ce budget, renforcer l’accompagnement des chômeurs. Force est de constater que ce sont les chômeurs eux-mêmes, à travers une nouvelle ponction de l’UNEDIC, qui se paieront leur accompagnement dans le cadre de la réforme de l’assurance chômage.

L’enveloppée dédiée à l’indemnisation des chômeurs en fin de droits progresse de plus de 200 millions d’euros cependant. On pourrait, à première vue, s’en réjouir, mais il s’agit en réalité de l’anticipation du nombre croissant de personnes privées d’emploi qui devront se contenter d’une allocation de solidarité de 500 euros. Votre réforme contribuera à fabriquer de la pauvreté.

Sur le volet de l’accompagnement, on ne peut s’empêcher de déplorer la réduction drastique des emplois aidés. Ainsi, malgré une stabilisation des parcours emplois compétences à 100 000 contrats, les crédits baissent de 200 millions d’euros. Cette mesure fragilise les associations qui maillent nos territoires. Pour la première fois depuis des années, l’emploi associatif a diminué dans notre pays en 2018, avec une réduction de 1 % des effectifs.

La progression des financements dédiés à d’autres dispositifs ne parvient pas à compenser la division par deux des contrats aidés intervenue depuis le début du quinquennat.

Enfin, nous regrettons la baisse des moyens de fonctionnement de l’administration du travail. Cet effort d’économie se traduit, comme les deux années précédentes, par la suppression de 256 postes, portant le nombre de postes supprimés à 734 en trois ans.

Les coupes dans les effectifs se suivent d’année en année et fragilisent les missions assurées par le ministère du travail et les services déconcentrés, notamment celles de l’inspection du travail. Cette dernière a fait face ces dernières années à une réforme d’organisation qui engendre un profond malaise chez les personnels.

J’aimerais, pour finir, souligner l’intérêt de pouvoir anticiper certaines mesures dans le cadre de l’expérimentation « territoires zéro chômeur », qui mériterait d’être étendue.

Sur fond de réforme de l’assurance chômage, qui prévoit de faire les poches aux chômeurs, ce budget consacre le retrait de l’État dans le financement du service public de l’emploi et dans l’accompagnement des personnes privées d’emploi. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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