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Accords France-Ethiopie, France Costa Rica et France Mozambique services aériens

Je vous remercie, monsieur le président, d’avoir dit que vous aviez plaisir à m’écouter de nouveau sur ces questions internationales.

Je répète à propos de ces accords aériens avec l’Éthiopie, le Costa Rica et le Mozambique ce que j’ai indiqué précédemment à propos des accords de même nature avec le Tchad et l’Angola – dans la mesure où il ne s’agissait pas d’un scrutin public, je précise que nous avons voté contre le projet de loi autorisant leur approbation : les députés communistes sont, par principe, opposés à tous les accords de libre-échange dont le seul but est de déréguler des secteurs qui nécessiteraient plutôt une régulation internationale.

Nous devons prendre très au sérieux les problèmes écologiques posés par le transport aérien dans le monde si nous voulons limiter au maximum le dérèglement climatique. En effet, les changements climatiques sont de plus en plus nombreux, de plus en plus violents.

Président du groupe d’amitié dédié au Mozambique, je puis témoigner que ce pays a été touché deux fois cette année, de manière quasiment consécutive, par des catastrophes naturelles d’une ampleur inédite, catastrophes dont la fréquence est appelée à augmenter à cause du réchauffement climatique.

Les cyclones tropicaux Idai et Kenneth ont frappé le Mozambique le 14 mars et le 25 avril. Le premier a dévasté le centre du pays et fait plus de 1 000 morts et 2 millions de sinistrés ; il a littéralement rayé de la carte plusieurs villes, faisant de la côte un véritable champ de ruines. Le second, avec des rafales atteignant 200 kilomètres par heure, a touché une zone moins peuplée mais a tout de même causé quarante-cinq morts et 250 000 déplacés, et il a détruit plusieurs milliers d’habitations et de commerces. Toutes ces pertes humaines sont une conséquence du dérèglement climatique ; nous devons en être conscients.

Après le passage du cyclone Idai, la France a indiqué avoir envoyé une aide humanitaire au départ de la Réunion, notamment un avion transportant soixante-cinq tonnes de matériel d’urgence, comme des unités de potabilisation, du matériel électrique, des tentes et de la nourriture.

Monsieur le secrétaire d’État, il serait intéressant, après quelques mois, que le Gouvernement informe la représentation nationale des suites de cette intervention d’urgence. Qu’en est-il aujourd’hui de la situation au Mozambique ? (M. Lemoyne acquiesce.)

Par ailleurs, cette situation catastrophique intervient à quelques mois des élections générales, prévues le 15 octobre prochain, et complique la donne.

Anticipant les élections, les deux principaux partis, la RENAMO – Résistance nationale mozambicaine –, transformée en parti politique à la fin de la guerre civile qui a déchiré le pays de 1976 à 1992, et le Frelimo – Front de libération du Mozambique – ont décidé de signer un accord de paix le 6 août dernier. Il est constitué de deux points : l’intégration dans l’armée et la police de plus de 5 000 combattants de la Renamo et un changement constitutionnel qui permet aux gouverneurs des régions d’être élus au suffrage direct, autorisant l’intégration de la Renamo dans le jeu politique.

Même s’il semble fragile, cet accord est à saluer : il suscite un espoir très important pour la reconstruction du pays. Celle-ci passera aussi par son désendettement, lequel pourra peut-être commencer grâce aux réserves de gaz découvertes au large du Mozambique, qui font partie des plus importantes réserves mondiales : 5 000 milliards de mètres cubes, soit la consommation de la France pendant plus de cent ans. Les multinationales gazières estiment que le pays produira 32 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié chaque année à partir de 2024, à destination des marchés asiatique et européen.

Avec l’exploitation de ses réserves gazières, le Mozambique deviendra le troisième exportateur de gaz du monde et sa politique énergétique aura d’importants enjeux. Le cercle de réflexion « Multinationales et droits humains », sur la responsabilité des entreprises donneuses d’ordres, que je codirige avec Mireille Clapot et Dominique Potier, se soucie des conséquences politiques, économiques et écologiques de l’exploitation d’un tel chantier, dans le contexte de ce pays. Les multinationales seront-elles en mesure de créer des projets respectueux de l’environnement et de payer tous leurs impôts, sans pratiquer l’évasion fiscale qui nuit tant aux peuples ?

Les projets gaziers auront d’importantes conséquences pour les habitants. Le Mozambique sera-t-il en mesure de partager ce gâteau avec son peuple, qui a cruellement besoin d’aide, surtout après le passage des deux cyclones ? Sa situation est d’autant plus difficile qu’il subit les attaques régulières de groupes djihadistes : il s’agit là d’un autre enjeu pour le Mozambique, même s’il a peu été évoqué.

Je ne suis pas intervenu sur l’actualité de l’Éthiopie et du Costa Rica, mais j’estimais de ma responsabilité d’évoquer celle du Mozambique, qui suscite donc de nombreuses questions. Dominique Potier, Mireille Clapot et moi-même serons vigilants aux réponses qui seront apportées.

Comme vous l’avez compris, le groupe communiste ne votera pas cet accord, pour les mêmes raisons qu’il n’a pas voté l’accord avec la République du Tchad et la République d’Angola, à savoir son opposition aux accords de libéralisation et à leurs conséquences écologiques.

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Jean-Paul
Lecoq

Député de Seine-Maritime (8ème circonscription)

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