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Discussions générales

Débat sur l’éducation (1ère question)

Mme la présidente. Nous en venons aux questions du groupe GDR.
La parole est à Mme Marie-George Buffet.
Mme Marie-George Buffet. Monsieur le ministre, vous nous avez accusés d’avoir une vision centrée sur les effectifs et budgétivore. Je voudrais tout de même faire vivre de manière un peu concrète les conséquences de la réduction massive du nombre d’enseignants.
Le manque d’enseignants provoqué par la RGPP a rendu nécessaire le recours à des professeurs remplaçants dès les premiers jours de la rentrée scolaire pour que les élèves puissent avoir un enseignant face à eux. Conséquence : il n’y a plus de remplaçants, et dès les premières absences liées à la maladie des enseignants, les élèves se trouvent abandonnés. J’ai eu connaissance du cas d’une école de Stains dans laquelle trois maîtres des écoles étaient absents, sans possibilité de remplacement de l’inspection d’académie.
Le plus grave concerne les élèves les plus en difficulté, car la pénurie d’enseignants a conduit à la mobilisation des maîtres E, que l’on a mis devant des classes, et donc à la suppression progressive du RASED. Rien que dans les trois villes de ma circonscription, Stains, Dugny et Le Blanc-Mesnil, quatorze postes de maîtres E sur trente et un ont été perdus depuis 2008. Cela représente un tiers des effectifs.
Dans certaines villes, les coupes ont été plus fortes encore. À La Courneuve par exemple, dont la population est particulièrement touchée par la précarité et par les inégalités sociales, le nombre de postes de maître E est passé de onze en 2008 à cinq actuellement. C’est sans doute cela que vous appelez le suivi individualisé. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
D’une certaine manière, en abandonnant les RASED, on abandonne les enfants à leurs difficultés. Ces réseaux ont pourtant fait leurs preuves, la mobilisation des parents en témoigne.
Monsieur le ministre, avez-vous décidé de mettre fin à ces réseaux ou allez-vous écouter parents et enseignants, et donner les moyens aux RASED de permettre à chaque enfant de recevoir le soutien qui lui est dû ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.
M. Luc Chatel, ministre. Je veux tout d’abord rappeler, madame la députée, qu’il existe, en matière de remplacements, des moyens très importants. (Exclamations sur les bancs des groupes GDR et SRC.)
M. Yves Durand. Où sont-ils ?
M. Luc Chatel, ministre. Dans le premier degré, 8 % des emplois d’enseignants, soit 27 000 d’entre eux, sont affectés aux remplacements. Dans le second degré, ce que nous appelons le taux de couverture, c’est-à-dire le taux de remplacement des enseignants absents, est de plus de 97 %. C’est sans doute insuffisant et il faudrait approcher les 100 %. Il reste que des moyens importants sont mobilisés, aussi bien avec les titulaires de zone de remplacement qu’avec des postes de contractuel, qui nous permettent de répondre au pied levé à des absences imprévues.
S’agissant maintenant des enseignants spécialisés, nous ne supprimons pas les RASED. Nous n’avons pas décidé de supprimer totalement ce dispositif, nous avons décidé de le sectoriser, de le rendre plus complémentaire de ce qui se passe dans la classe.
Je rappelle que c’est dans la classe qu’on doit commencer la détection de la difficulté. C’est là toute la politique qui est la nôtre depuis 2008, que j’évoquais à l’instant : c’est le maître, c’est-à-dire celui qui est dans la classe, qui repère les difficultés de l’enfant, dès son plus jeune âge, et y apporte une remédiation, sous la forme de sa propre aide personnalisée – deux heures par semaine –, et, si c’est nécessaire, on fait appel à un enseignant spécialisé. Aujourd’hui, avec les RASED et les psychologues, il y a environ 12 000 enseignants spécialisés. Nous maintenons donc ce dispositif. Simplement, il est sectorisé pour que le maître puisse faire appel en cas de besoin à cette expertise supplémentaire.
Encore une fois, nous concentrons les moyens sur ce qui se passe dans la classe, avec une décision prise par le maître dans sa classe et une remédiation apportée par lui-même.

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Marie-George
Buffet

Députée de Seine-Saint-Denis (4ème circonscription)

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