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Débat sur l’emploi (2ème question)

Mme la présidente. La parole est à Mme Marie-George Buffet, pour poser sa deuxième question.
Mme Marie-George Buffet. Monsieur le ministre, le 21 décembre dernier, le comité central d’entreprise de PSA a décidé de supprimer 4 000 emplois en France, dont 1 900 CDI. Depuis juin, un document de travail de la direction évoquait l’hypothèse de la fermeture du site d’Aulnay, mais le ministre de l’industrie avait affirmé aux salariés qu’il n’y avait pas d’inquiétudes à avoir.
Or la presse annonce aujourd’hui que la situation de PSA s’est énormément dégradée. La division automobile a perdu près de 100 millions d’euros l’an dernier, même si le groupe lui-même a engrangé 588 millions de bénéfices. Face à cette situation nouvelle, le groupe envisage de porter la réduction de ses coûts de 800 millions à 1 milliard d’euros en 2012. Des coupes sont prévues dans la recherche et développement, mettant à mal les projets de nouveaux véhicules. Le siège parisien va être vendu et les salariés devront subir un à deux mois de chômage partiel. À entendre le PDG de PSA, les réductions de surcapacités en Europe sont inévitables, notamment pour les petits modèles, du fait du recul des marchés européens lié à la crise.
Monsieur le ministre, allez-vous continuer à mener vos politiques d’austérité, qui sapent le pouvoir d’achat et fragilisent ainsi notre industrie ?
Le site d’Aulnay, qui produit la C3, se retrouve de nouveau sur la sellette. La fermeture de cette usine de 3 300 salariés entraînerait au total la disparition de plus de 10 000 emplois, en comptant les intérimaires et les sous-traitants. Des milliers de familles se trouveraient dans le plus grand dénuement. Non seulement de nombreux salariés connaîtraient des difficultés pour se reconvertir à cause du fort taux de chômage mais les jeunes seraient privés d’importantes possibilités d’emploi.
Monsieur le ministre, cette situation exige d’agir dans deux directions : renforcer en urgence les droits des chômeurs pour créer une véritable sécurité d’emploi et de formation ; mettre en place au plus vite une véritable politique industrielle en réorientant les richesses produites, des dividendes vers l’emploi et les salaires.
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.
M. Xavier Bertrand, ministre. Madame la ministre, sur ce sujet, différentes explications ont déjà été données. Je crois qu’il ne sert à rien de vouloir être alarmiste et de faire peur, comme certains élus ont cherché à le faire par le passé – mais je sais bien que tel n’était pas le ton de votre intervention.
Est-il dans l’intérêt de PSA de trouver un digne successeur à la C3 ? Vous savez bien que oui. Vous savez aussi que PSA a une tradition, plus ancrée encore que d’autres constructeurs : les deux tiers de ses emplois sont situés en France. Des garanties à cet égard ont été données par M. Varin à différentes reprises.
Je vous remercie de me donner l’occasion d’apporter des précisions sur deux points.
D’une part, pour ce qui est de la politique d’austérité, je ne suis pas le bon client, ….
M. Alain Vidalies. C’est Copé alors ?
M. Jean Mallot. Peut-être pas le bon client, mais un complice !
M. Xavier Bertrand, ministre. …moi qui n’ai cessé de croire que, pour désendetter notre pays, il fallait absolument préserver la croissance, la compétitivité et l’emploi.
D’autre part, cette situation montre tout l’intérêt qu’il y a à engager une réforme de la protection sociale. Les salariés de l’industrie automobile, notamment en région parisienne, sont en effet directement concernés par les mesures de réduction des charges, en particulier au titre des allocations familiales. Et la réduction des charges permettra d’abaisser le coût de production de ce type de voiture : comme il s’agit d’un véhicule de petite taille, l’impact sur une C3 est plus fort que sur une C6 ou une C8.
Ces mesures, votre formation les a contestées de manière constante. Le parti socialiste, quant à lui, a perdu la mémoire, oubliant qu’en octobre 2005, au congrès du Mans, la motion 1, présentée par François Hollande, proposait noir sur blanc la mise en place de la TVA sociale.
M. Yves Durand. Absolument pas !
M. Régis Juanico. Il devait s’agir d’un amendement d’Éric Besson !
M. Jean Mallot. Vous lisez mal les motions du parti socialiste !
M. Pascal Brindeau. Il faut dire que c’est plutôt difficile à lire !
M. Xavier Bertrand, ministre. Je me dois, madame la ministre, de reconnaître aux communistes le mérite de la constance ; ce n’est pas le cas des socialistes. Si vous vouliez me faire dire que cette mesure a du sens pour préserver l’emploi, vous avez eu raison et je vous en remercie.

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Marie-George
Buffet

Députée de Seine-Saint-Denis (4ème circonscription)

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