Interventions

Discussions générales

Evaluation des effectifs et masse salariale de l’Etat

Avec tout le respect que je dois à notre collègue à l’initiative de cette proposition de résolution, j’observe que les libéraux ont une certaine force, celle de nous présenter de vieilles recettes comme si elles étaient innovantes, pertinentes et modernes. Au bout du compte, comme cela a déjà été dit à cette tribune, cette proposition de résolution reprend à son compte ce qui irrigue les politiques publiques menées depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy pour résorber le déficit public, en vertu du plafond des 3 % gravé dans le marbre de la Constitution européenne. Elle reprend également à son compte les préconisations de la Cour des comptes lorsqu’elle examine le budget de l’État ou des chambres régionales des comptes lorsqu’elles examinent le budget des collectivités territoriales. À chaque fois, les outils de pilotage proposés visent le même objectif : non pas la rationalisation ou l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique, mais le rationnement, le rabougrissement, l’effacement du service public qui se tient au chevet de nos concitoyens.
Mon cher collègue, nous proposons de baisser les impôts des uns et d’augmenter ceux des autres. Peut-être aurons-nous l’occasion d’y revenir.
En termes de pilotage, j’aimerais que l’on examine l’impact social de ces politiques d’austérité qui sont depuis trop longtemps l’alpha et l’oméga des libéraux, leur impact environnemental, leur impact sur le vivre-ensemble, ainsi que leur impact politique sur la colère du peuple. Si nous n’y prenons pas garde, si la République n’est pas au rendez-vous, le peuple risque de bousculer la République elle-même.
Venons-en au cœur du sujet. Dans vos territoires respectifs, mes chers collègues, y a-t-il trop de policiers ? Y a-t-il trop de gendarmes ? Dans nos tribunaux, y a-t-il trop de magistrats pour assurer une justice de proximité, réactive et humaine ?
En matière d’accompagnement humain, y a-t-il trop d’agents qui prennent soin des gens ? Y a-t-il trop d’AVS – auxiliaires de vie scolaire – pour accompagner les élèves handicapés ? Y a-t-il trop d’ATSEM – agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles – pour prendre soin de nos enfants ?
Y a-t-il trop de communes dans notre pays ?
C’est peut-être ce que pensaient ceux qui vous ont précédés lorsqu’ils ont mis en œuvre la réforme territoriale, qui a déménagé nos territoires et éloigné les services publics de l’État en les rassemblant dans les grandes métropoles.
À la veille des élections municipales, allez-vous dire aux maires que vous allez décider, contrairement au principe de libre administration des collectivités territoriales gravé dans le marbre de la Constitution, du niveau des dépenses publiques qui financent les politiques publiques menées au service de leur territoire ?
Vos politiques de pilotage, telles que vous les concevez, vous, libéraux que vous êtes, sont au service de cet objectif unique de réduction des dépenses. Je vous reconnais donc le mérite de la cohérence.
Vous ne parlez plus de RGPP, car vous l’avez rhabillée…
Plusieurs sigles barbares ont été utilisés pour justifier les suppressions des trésoreries municipales, le déménagement des bureaux de poste de proximité… On a parlé de « Bercy en mouvement », de la modernisation des politiques publiques… Vous resservez d’ailleurs ce même blabla aux élus de proximité, aux acteurs de terrain, depuis plusieurs années.
Chers collègues de droite, vous ne pouvez pas prétendre être au chevet du monde rural et soutenir cette proposition de résolution. Vous ne pouvez pas déplorer l’asphyxie de nos hôpitaux et défendre ce texte. Vous ne pouvez pas dire que nos territoires sont oubliés, humiliés, et soutenir un pilotage qui vise à amplifier ce mouvement.
Le futur ex-candidat à la mairie de Paris a beau le nier, je ne comprends pas que l’on puisse prétendre exercer des responsabilités dans une relation de proximité tout en défendant de telles politiques. Mais je le répète, je vous reconnais le mérite de la cohérence.
Vos réformes sont au service de cet objectif unique de diminution des dépenses publiques. J’en veux pour preuve votre dernière réforme en date, votre mal nommé projet de loi de transformation de la fonction publique : en précarisant, en contractualisant, en faisant rentrer la logique du secteur privé dans la fonction publique, vous allez permettre un pilotage efficace de la réduction des dépenses publiques, un pilotage aisé de la suppression des emplois, y compris en rendant ces suppressions invisibles – mais elles ne sont pas invisibles pour la France qui manque, pour la France qui souffre, pour la France qui veut un aménagement équilibré du territoire. C’est la raison pour laquelle nous voterons, sans aucune hésitation, contre ce pilotage austéritaire des politiques publiques.

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