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Grand débat : Question sur la transition énergétique

Des ministres participent aux marches pour le climat et affirment, face à des jeunes réunis pour débattre, que le capitalisme « ne tourne pas rond », et qu’il est même incapable de répondre aux enjeux environnementaux. Dans le même temps, ensemble, vous prônez le dialogue auprès de multinationales qui agissent manifestement contre le climat et contre les engagements de la France, et continueront de le faire.

Vous jugez inutile de contraindre les banques à stopper le financement d’énergies fossiles, pour se tourner vers celui d’énergies renouvelables. Vous laissez des industries fermer sans développer aucun plan d’investissement pour assurer leur conversion ; vous refusez d’envisager la renationalisation des autoroutes et de taxer le kérosène, préférant taxer sévèrement les automobilistes. La taxe carbone est socialement injuste, et les entreprises les plus polluantes qui, comme Total ou ArcelorMittal, en sont presque exonérées à l’échelle nationale, obtiennent gratuitement la plus grosse part de leur quota d’émission.

Faisant fi des demandes de nombreuses associations qui vous alertent chaque jour sur le sujet, vous n’avez de cesse de culpabiliser les ménages sur leurs modes de déplacement et d’alimentation. Dans le même temps, vous envisagez de privatiser les routes nationales, vous continuez de fermer les lignes ferroviaires et saluez les dividendes de Bayer-Monsanto, puisque la liberté d’entreprendre primera toujours, à vos yeux, sur celle de bien se loger et de bien se nourrir.

La demande de justice qui s’exprime partout dans le pays est aussi la conséquence de la casse du service public, et celle-là, vous l’accélérez : chaque jour, des écoles, des bureaux de poste, des maternités et des hôpitaux ferment. Cette politique délétère a dévitalisé les territoires, précarisé leurs habitants et forcé ces derniers à de nouveaux déplacements. Dans les cahiers de doléances comme dans de nombreuses manifestations, justice sociale et justice environnementale marchent ensemble. Entendez-vous tout simplement répondre aux attentes exprimées sur ce point, et comment ? Soutenez-vous, monsieur le ministre d’État, vos collègues anticapitalistes ?

M. le président. La parole est à M. le ministre d’État.

M. François de Rugy, ministre d’État. Je vous laisse la responsabilité de vos jugements, madame Faucillon, sur le caractère anticapitaliste des membres du Gouvernement ; mais après tout, si vous les jugez tels, c’est que vous faites sans doute un pas dans notre direction… (Sourires.)

Mme Elsa Faucillon. Ce sont eux-mêmes qui se disent anticapitalistes !

M. François de Rugy, ministre d’État. Plus sérieusement, Brune Poirson – puisque c’est d’elle que vous vouliez parler, j’imagine –, ici présente, a effectivement appelé à une transformation du capitalisme et de l’économie, ce à quoi je ne puis que souscrire. Je passe même mes journées à le dire ! « Décarboner » l’économie, selon la formule consacrée, cela veut dire la transformer en profondeur, à travers des objectifs assignés à l’industrie.

Quant à ce que vous dites sur Bayer-Monsanto, c’est quand même un peu fort de café ! La France est le seul pays d’Europe à s’engager dans la sortie du glyphosate, et ce en trois ans ! M. Herth, d’ailleurs, trouvait que nous allions trop vite et trop loin en ce domaine. Aucun pays d’Europe n’envisage une telle mesure, même en cinq ans ! Si nous servions les intérêts de Bayer-Monsanto, nous ne nous engagerions assurément pas dans cette voie – puisque, comme vous le savez, c’est cette société qui produit le glyphosate.

Quant à l’accompagnement, le Gouvernement a proposé des dispositifs ciblés, sur le remplacement des voitures ou des chaudières. Il entend aller plus loin encore : nous allons donc y travailler ! Tout cela, à savoir l’accompagnement social de la transition écologique, sortira du grand débat. Une chaudière à 1 euro, cela ne peut pas être pour tous les Français, évidemment ! Une telle mesure ne peut bénéficier à un Français qui gagne 10 000 euros par mois, mais, par exemple, à des retraités qui, comme ceux que j’ai rencontrés en Seine-et-Marne début janvier, touchent à eux deux 2 000 euros de retraite mensuelle. Eux voient leur chaudière au fioul être remplacée par une pompe à chaleur électrique. « Pour nous », m’ont-ils dit, « cette mesure est concrète : elle représentera de 1 000 à 1 500 euros d’économie sur la facture annuelle d’énergie, et nous permettra ainsi de partir en vacances. » (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. – M. Vincent Bru applaudit aussi.)

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Elsa
Faucillon

Députée des Hauts-de-Seine (1ère circonscription)

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