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Intervention de Roger Nkodo Dang, Président du Parlement panafricain, suivie d’un débat

Merci, monsieur le président du Parlement panafricain, de votre présentation devant notre assemblée du plan urgent d’accès à l’électricité pour le continent africain. À quelques semaines de la COP 21, nous tenons à saluer votre présence parmi nous, légitime et nécessaire, tant le continent africain et les peuples qui font sa richesse se trouvent particulièrement exposés aux effets dévastateurs du changement climatique.
Je tiens aussi à saluer la contribution de Jean-Louis Borloo et de la fondation « Énergies pour l’Afrique ».
Je veux d’abord souligner que la réussite de la conférence sur le climat en décembre à Paris dépendra de la manière dont l’opinion et les intérêts des peuples de la planète seront pris en considération.
Vous avez raison, monsieur le président, d’un côté, il revient aux peuples de s’approprier cette responsabilité impérieuse de lutter contre le réchauffement climatique et, de l’autre, les décisions prises en la matière devront être guidées par l’intérêt des peuples, qui se confond lui-même avec le respect de l’environnement et le principe du développement durable.
Face à l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne, et il est important d’entendre plus particulièrement la voix de l’Afrique.
En réalité, entre 70 % et 80 % de ces émissions sont le fait d’une quinzaine d’États membres du G20, c’est-à-dire des pays les plus développés, dont l’essor a reposé sur une consommation immodérée des énergies les plus polluantes. Ceux-là ont une responsabilité particulière, une double obligation, dirai-je. La première, c’est la réduction de leurs propres émissions de gaz à effet de serre. La seconde, c’est le respect des engagements pris en 2009 à l’égard des pays du Sud pour leur permettre de lutter contre le réchauffement climatique et de se développer de manière propre.
Nous avons la conviction qu’il existe des moyens d’enrayer rapidement et efficacement les inégalités. Nous avons aussi la conviction qu’il est possible d’amorcer un nouveau mode de production et de coopération, seul à même de satisfaire les droits humains, dont celui de l’accès à l’énergie.
Ainsi, une simple taxe sur les transactions financières servant à financer l’adaptation au changement climatique et l’aide à un développement respectueux de l’environnement pourrait, selon la Commission européenne, rapporter annuellement entre 24 et 30 milliards d’euros, sur la seule base des onze pays européens qui sont prêts à l’envisager. Une telle mesure, qui doit être généralisée, changerait déjà l’état des relations internationales. Elle montre aussi que des mécanismes de financement peuvent, avec la volonté politique, être mises en œuvre.
Par exemple, aussi, pourquoi ne pas fonder les relations commerciales et les échanges sur les conditions de production en favorisant celles qui respectent les engagements en faveur du climat ? L’Union européenne, puissance commerciale et normative, doit assumer sa part de responsabilité. Cela suppose aussi évidemment que la France, de son côté, accorde toute sa part à l’aide publique au développement.
L’énergie est une condition du développement, vous l’avez rappelé, monsieur le président. Cependant, vous l’avez également souligné, de la nature de cette énergie dépendra la qualité de ce développement, un développement qui se doit d’être responsable. Or nous ne saurions taire le coût humain et environnemental de l’exploitation capitaliste des ressources naturelles. L’Afrique a souffert et continue de souffrir de cette réalité, incarnée aujourd’hui par ces multinationales dont l’activité en Afrique repose sur l’exploitation à bas prix des richesses, humaines et naturelles.
Le 15 juin dernier, les chefs d’État et de gouvernement des cinquante-quatre pays de l’Union africaine ont approuvé le plan urgent d’accès à l’électricité et à la lumière pour le continent africain, qui vient de nous être présenté. Une urgence, cela a été dit par les intervenants précédents, une urgence au regard des millions d’Africains qui vivent sans électricité – 70 % de la population, 75 % avez-vous même dit, monsieur le président.
Pour les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, la recherche de tout projet de développement doit partir d’exigences impératives : du respect des souverainetés populaires, des coopérations mutuellement profitables entre les peuples et de la primauté des normes sociales et environnementales sur celles de la finance et du commerce. Seulement, alors, nous pourrons produire proprement, dans le respect de l’humanité et de la nature. Seulement, alors, nous pourrons mener à terme, monsieur le président, le plan d’urgence que vous nous avez présenté et que nous soutenons. (Applaudissements.)

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