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PLF 2012 : question sur le réseau culturel français à l’étranger (Action extérieure de l’Etat)

M. le président. Monsieur Lecoq, vous avez la parole pour poser votre deuxième question.
M. Jean-Paul Lecoq. Elle portera sur le réseau de l’action culturelle extérieure de la France, et sur la manière dont il est affecté par la politique dite de modernisation du ministère, laquelle se traduit, en pratique, par un processus de démantèlement.
Notre réseau culturel, le plus ancien, le plus dense et le plus étendu du monde, véritable spécificité française, est directement menacé par la logique absurde de la RGPP et le lot de suppressions d’effectifs qui l’accompagne.
Le prétexte de modernisation du réseau culturel – dont vous avez encore fait état, monsieur le ministre d’État – n’a servi qu’à justifier, année après année, la fermeture de nombreux centres et instituts culturels, remettant en cause le réseau universel qui assure une présence culturelle française partout dans le monde.
À travers la création de l’opérateur Institut français, nous assistons à la privatisation rampante du réseau culturel. Le choix d’un établissement public industriel et commercial pour porter les missions culturelles de la France à l’étranger traduit parfaitement l’idéologie de l’externalisation.
La création de cet opérateur permet au ministère des affaires étrangères de ne pas harmoniser la situation salariale des recrutés locaux de ses divers réseaux diplomatiques, dont on peut d’ailleurs augmenter le nombre puisqu’on les paie beaucoup moins. Mais des licenciements ont déjà eu lieu, au mépris des droits des agents, avec l’aval de la direction générale de la mondialisation qui gère le réseau culturel.
Dans le contexte de réduction massive des effectifs qui se profile du fait de la fusion des services de coopération et d’action culturelle et des établissements à autonomie financière, la situation est particulièrement préoccupante.
Avec les suppressions de postes et la privatisation du réseau culturel, pensez-vous, monsieur le ministre, que l’État soit toujours en mesure de conduire une diplomatie culturelle ?
M. le président. La parole est à M. le ministre d’État.
M. Alain Juppé, ministre d’État. Monsieur le député, ma réponse est oui : la France est parfaitement en mesure de continuer à mener une politique de rayonnement culturel très ambitieuse et très intense.
Vous avez dit que notre réseau était le plus ancien, le plus dense et, si ma mémoire est bonne, le plus étendu au monde. C’est vrai, et il le reste.
Je ne peux pas vous suivre lorsque vous parlez de privatisation. Essayer de confier l’action culturelle à un opérateur qui est un établissement public, financé sur fonds publics, sous la tutelle du ministère des affaires étrangères, dans le cadre d’un contrat qui lui fixe ses objectifs, ce n’est pas privatiser.
En revanche, je suis très favorable à la recherche de partenariats. L’Alliance française est une institution privée et elle mène un travail remarquable. Je ne pense pas que vous ayez dans vos projets l’intention de diminuer ses moyens ou son rayonnement. La synergie entre le réseau de l’Alliance française et nos instituts culturels est très positive.
Il est très positif également, dans le cadre des saisons culturelles auxquelles M. Roatta a rendu hommage tout à l’heure, de développer le partenariat avec certains acteurs privés qui peuvent aussi soutenir notre action culturelle à l’étranger.
M. Jean Roatta, rapporteur pour avis. Tout à fait !
M. Alain Juppé, ministre d’État. Comme je vous l’ai dit, monsieur Lecoq, mon métier me conduit à me déplacer beaucoup : j’ai parcouru quelque 60 000 kilomètres au mois de septembre dernier et je plante des arbres autant que possible pour compenser ce terrifiant bilan carbone. (Sourires.) J’ai visité beaucoup d’installations culturelles françaises à l’étranger et je peux vous dire qu’elles sont un élément de rayonnement extraordinaire.
M. Jean Roatta, rapporteur pour avis. C’est vrai !
M. Alain Juppé, ministre d’État. Prenons un seul exemple : à Addis Abeba, le seul lieu où des acteurs culturels, quelle que soit leur nationalité d’ailleurs – allemande, américaine ou autre –, puissent se retrouver, c’est l’Alliance française, au cœur de la ville avec notre conseiller culturel.
C’est donc un réseau qu’il faut préserver. Nous ne le démantelons pas ; nous essayons de le rendre plus efficace et plus productif. C’est pour moi un objectif essentiel de notre diplomatie dans son ensemble. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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Jean-Paul
Lecoq

Député de Seine-Maritime (8ème circonscription)

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