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Travail : réforme des retraites

Monsieur le président. monsieur le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique, monsieur le ministre chargé des relations avec le Parlement, monsieur le secrétaire d’État chargé de la fonction publique, mes chers collègues, depuis des mois, sur tous les tons, dans tous les médias, une coûteuse campagne de propagande gouvernementale a tenté d’expliquer aux Français les vertus d’une réforme des retraites que les trois quarts d’entre eux rejettent.
On leur a dit qu’en 1960 il y avait quatre actifs pour un retraité alors qu’en 2000 il n’y en avait plus que deux C’est vrai, mais notre système de retraites y a fait face. En 2040, le nombre d’actifs par retraité diminuera encore de moitié mais notre système pourrait toujours avoir la possibilité d’y faire face, dès lors que la politique de la France ne serait plus conduite par les serviteurs zélés de milliardaires repus de la sueur et des larmes de millions de nos concitoyens qui n’en peuvent plus de la mal vie que votre système économique et vos choix politiques leur imposent. (Approbations sur les bancs du groupe GDR.)
Le Gouvernement est évidemment incapable de relever ce défi. Une obsession l’en empêche : toujours mieux servir les intérêts d’une classe, celle de vos amis, monsieur le ministre. Et c’est bien pourquoi Laurence Parisot et les siens vous félicitent.
Mais la rue ? La rue, hier encore, grosse de l’espérance de tout un peuple, n’est pas dupe. Elle sait par exemple que le taux de fécondité qui était de 1,65 en 1974 est passé à 2,09 en 2010 et qu’il a donc atteint le taux de renouvellement des générations. La rue n’est pas dupe. Elle n’ignore pas que si, pour ces soixante dernières années, on peut estimer l’augmentation des besoins de financement liés à la démographie à 150 %, dans la même période, les richesses produites ont crû de 645 %, soit une progression de 400 % par personne d’âge actif. Elle sait qu’en 2050, le produit intérieur brut de la France atteindra 4 000 milliards et que si nous consacrions alors 20 % du PIB aux pensions de retraite, il resterait encore 3 200 milliards de disponibles pour les actifs, les profits et les investissements, contre 1 740 milliards aujourd’hui.
Votre propagande a tenté de faire croire que cette réforme permettrait de sauvegarder notre régime par répartition et de garantir le niveau de vie des retraités. C’est un énorme mensonge ! Depuis la réforme Balladur, les pensions du privé ont en effet diminué de 20 % et ce projet de réforme, qui combine le recul de l’âge de départ en retraite et l’augmentation du nombre des années de cotisation, aura pour conséquence que, dans la très grande majorité des cas, il faudra attendre soixante-sept ans pour pouvoir prétendre à une retraite à taux plein. Avec cette réforme, le taux de remplacement va considérablement chuter et la période durant laquelle on ne sera ni salarié ni retraité va dramatiquement s’accroître.
Tous les ingrédients seront alors réunis pour contraindre le monde du travail à la capitalisation, pour le plus grand bonheur des banques et de leurs principaux actionnaires qui se gaveront un peu plus encore de la richesse créée par les salariés surexploités que ce gouvernement méprise. Cyniques, ces milliardaires se réjouissent de la mort programmée par votre projet du système de retraite solidaire, système qui, plus qu’un symbole et une conception de la vie, a prouvé qu’il est possible de financer les retraites des Français sans aucune épargne privée.
Cette réforme, en vérité, est une aubaine pour le MEDEF et c’est pour cela que tous les relais experts de votre dogmatisme l’accompagnent.
C’est le cas de l’OCDE, qui clame qu’à l’avenir, les compléments de retraites privés seront nécessaires.
C’est le cas de la Commission européenne, qui commande de garantir l’efficacité et la fiabilité des régimes de retraites par capitalisation.
C’est le cas enfin du FMI, qui demande « que les autorités mettent en œuvre leur ambitieux programme de réforme structurelle et privilégie les mesures propres à modérer la croissance des coûts salariaux ».
Tout est dit ! Au fond, « Aimez vous les uns les autres » n’a de sens pour vous que circonscrit à cette caste de privilégiés qui, du Fouquet’s à Neuilly, de Neuilly au yacht de Bolloré, du yacht de Bolloré à l’île privée des Bettencourt, méprise « ces gens de peu » qui sont et font pourtant la richesse matérielle et morale de la nation ; ces « gens de peu » qui savent ce que solidarité, fraternité et partage veulent dire ; ces « gens de peu » qui savent que l’égalité reste à conquérir et qui luttent pour vivre dignement, simplement dignement.
Avec eux, nous étions hier dans la rue ; avec eux, nous serons encore demain, pour poursuivre le juste et généreux combat qui refuse le recul de civilisation que votre projet leur promet. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe SRC.)
 

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Michel
Vaxès

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