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PLF 2012 : Question sur la délocalisation (Travail et Emploi)

Mme la présidente. Dans la suite des questions, la parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour le groupe GDR.
M. Jean-Paul Lecoq. Tout à l’heure, j’ai posé une question qui concernait deux entreprises, déjà évoquées lors des questions d’actualité au Gouvernement ; je pensais donc que Mme la ministre les connaissait. L’une d’entre elles, Fralib, a même été évoquée pendant une semaine à la télévision.
J’en ai donc choisi deux autres, un peu plus connues, des entreprises du CAC 40, pour illustrer mon propos de cet après-midi ; il s’agit toujours de la préservation des emplois, de l’accueil des apprentis et des stagiaires en vue de donner un emploi à nos jeunes.
La société Aircelle, établie dans ma circonscription, dépend du groupe Safran, dont l’État est actionnaire à hauteur de 30 % du capital ; c’est pour cela que je prends cet exemple. Quel rôle l’État va-t-il jouer dans la délocalisation prévue des emplois ? Quel rôle jouent les membres du conseil d’administration ?
Cette société est en train d’inventer un nouveau concept : la double source. Après avoir consacré du temps à rassembler ses activités sur un seul site, elle prétend, en raison d’une production supplémentaire pour Airbus et Boeing, devoir doubler son site de production et confier ce surcroît de production à son usine marocaine. Comment le Gouvernement entend-il préserver les emplois en jeu ?
Mon autre exemple est celui de Renault, que Mme la ministre connaît, je pense, dont l’État est actionnaire à hauteur de 15 %. Le groupe vient d’annoncer un plan qui aboutira, dans les trois ou quatre ans, à faire passer de 25 % à 16 % la part de sa production réalisée sur le territoire national. Ce plan touchera non seulement les salariés mais aussi, dans des proportions inquiétantes, les sous-traitants et les équipementiers.
Nous avons vu, au fil des ans, que la gestion de la file d’attente des chômeurs était un véritable problème. Les dispositions que vous prenez dans le cadre de votre budget, madame la ministre, privent effectivement les chômeurs de perspectives. Je pense qu’il faudrait un lien entre votre ministère et Bercy et je voudrais savoir de quel pouvoir vous disposez pour que les actions que vous décidez soient suivies d’effets.
Mme la présidente. La parole est à Mme Nadine Morano, ministre chargée de l’apprentissage et de la formation professionnelle.
Mme Nadine Morano, ministre chargée de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Je vous répondrai, monsieur Lecoq, en suivant la même méthode que ce matin.
Vous me donnez l’occasion, et je vous en remercie, de vous parler de l’entreprise Safran. J’étais, moi-même, hier à Casablanca où nous avons débattu, dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée, de la formation professionnelle et de l’emploi.
Ce qui me paraît important, au-delà de la caricature habituelle – les entreprises qui licencient et délocalisent –, c’est la question des indicateurs nécessaires pour mieux adapter les formations, afin que les entreprises puissent recruter les personnes dont elles ont besoin. Eh bien, nous avons décidé, dans le cadre de l’UPM, de créer un observatoire des compétences et des métiers qui sera alimenté par les données des différents observatoires des branches professionnelles, en vue de permettre à la France et, au-delà, à ce bassin d’emploi qu’est l’UPM – je vous rappelle qu’elle rassemble quarante-quatre nations – de mener une politique d’emploi beaucoup plus ciblée. Le responsable de Safran présent à la réunion d’hier parlait, pour sa part, de co-localisation. Je pense qu’il n’avait pas tout à fait tort : lorsqu’une entreprise française crée de l’emploi quelque part, cela rejaillit notamment en France.
Sortons donc de ce discours un peu ringard, évoluons au regard du monde qui se construit. Ayez une vision un peu plus géostratégique, et vous verrez que l’UPM offre, d’une certaine manière, une réponse dans le cas de l’entreprise que vous avez choisi d’évoquer cet après-midi.

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Jean-Paul
Lecoq

Député de Seine-Maritime (8ème circonscription)

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