Interventions

Discussions générales

PLFR pour 2011

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Brard.
M. Jean-Pierre Brard. Monsieur le ministre, après vous avoir écouté avec attention tout à l’heure, j’en viens à penser que Le petit Robert devra éditer un nouveau dictionnaire. Vous avez parlé avec aplomb d’un débat vertueux. Peut-être faut-il y voir un hommage du vice à la vertu ; car la vertu, je ne vois pas vraiment où elle est compte tenu du sujet et des principaux acteurs, qui sont les responsables de la situation actuelle !
Ce texte vous permet de faire adopter des modifications du Fonds européen de stabilité financière non pas du tout pour aider la Grèce – il faut arrêter de dire des sottises ! –, mais les créanciers de la Grèce, comme vous le faites depuis le début. C’est une façon de dire aux spéculateurs, aux marchés, aux banquiers, aux financiers : « Vous pouvez puisque les États vont continuer ». Ainsi, comme le disait M. Pisani-Ferry, vous donnez directement accès à la poche des contribuables. Voilà la réalité !
Selon vous, monsieur le ministre, la dette publique ne sera pas augmentée et le tour de passe-passe auquel vous vous livrez n’est qu’un petit arrangement comptable. Je vous recommande d’écouter la radio et de regarder la télévision. Vous auriez entendu aujourd’hui un responsable grec exprimer ce que tout le monde disait ici : les Grecs ne pourront pas payer.
M. Nicolas Dupont-Aignan. Eh oui !
M. Jean-Pierre Brard. Ce n’est pas parce que vous leur avez passé la corde au cou qu’ils vont monter sur le tabouret pour vous faire plaisir ! Alors, quand vous dites que tout cela ne coûtera rien à la France, ce n’est pas vrai !
M. Nicolas Dupont-Aignan. Exactement !
M. Jean-Pierre Brard. Vous pourriez être fakir dans une vie future, monsieur le ministre : vous avez un réel talent pour endormir les gens qui vous écoutent…
M. Éric Raoult. Ou à les faire rigoler !
M. Jean-Pierre Brard. M. Raoult sourit à mes propos qu’il apprécie en connaisseur : il est vrai qu’il est le fakir de la Seine-Saint-Denis et qu’il marche sur les clous, voire parfois sur des braises ardentes – rouges bien sûr !
Votre rôle et de faire prendre des vessies pour des lanternes au peuple français : vous voulez lui faire croire que nous sommes solidaires du peuple grec alors qu’en réalité vous venez à la rescousse des banquiers.
M. Nicolas Dupont-Aignan. Eh oui !
M. Jean-Pierre Brard. Comme je n’ai pas beaucoup de temps et que j’entends déjà par anticipation le président Accoyer m’interrompre, je reviendrai plus largement sur ces sujets lors de l’examen des articles.
Je souhaite maintenant appeler votre attention sur ceux qui vont bien et ceux qui vont mal. Pour ce faire, je vais vous montrer les profits de Total, de BNP et d’Axa – le président Accoyer ne pourra rien me dire puisqu’il ne s’agit pas d’un graphique sur un panneau mais d’un article de presse, laquelle est réputée libre.
M. le président. Monsieur Brard, vous savez que les pratiques de ce genre sont interdites ici !
M. Jean-Pierre Brard. C’est un article de presse, monsieur le président. N’oubliez pas que la liberté de la presse est sacrée. Je vous l’ai déjà dit : si vous ne vous prenez pas pour celui que vous n’êtes pas, je vous épargnerai des références désagréables…
M. le président. Allons, poursuivez, monsieur Brard !
M. Jean-Pierre Brard. Regardez, monsieur le ministre, ces grands groupes qui s’en mettent plein les poches ! Et vous, que leur prenez-vous en contrepartie ? Rien du tout, parce que leurs poches sont cousues et que vous ne voulez pas leur faire d’indélicatesse. Pourtant, ils ont de l’argent. Pourquoi ne les mettriez-vous pas à contribution plutôt que de mettre les Français à la diète ? Parce que vous ne voulez pas fâcher vos amis, et notamment le propriétaire de l’agence de notation Fitch ratings, M. Marc Ladreit de Lacharrière : il vous aime, et vous lui rendez bien.
Souvenez-vous pourtant de cette bonne parole du Président de la République qui déclarait sur France 2, en avril 2008, que les agences de notation devaient être sanctionnées lorsqu’elles ne faisaient pas leur travail. Nicolas Sarkozy a tenu parole : il a lourdement sanctionné Marc Ladreit de Lacharrière en lui décernant, le 1er janvier 2011 le titre de Grand-croix de la légion d’honneur pour l’ensemble de son œuvre ! Si vous ne me croyez pas, demandez à François Fillon, Premier ministre : lui aussi l’a décoré le 10 février 2011…
M. Éric Raoult. Hors sujet !
M. Jean-Pierre Brard. Vous menez donc une politique à double entrée : d’un côté, vous beurrez la tartine des privilégiés, et de l’autre, vous tirez sur le bout de la ceinture des Français pour la serrer de plus en plus. Notre rôle est d’expliquer la vérité pour que nos concitoyens comprennent bien que de l’argent, il y en a, et que vous servez en quelque sorte de gilet pare-balles aux privilégiés de la naissance et de la fortune. Vous êtes donc des petites mains habiles – sauf en ce qui concerne les parcs d’attraction – au service des privilégiés. Voilà ce que nous dénonçons et que nous combattons.
M. le président. Monsieur Brard, merci de conclure !
M. Jean-Pierre Brard. Quant à vous, monsieur Carrez, n’allez pas chercher d’exemples outre-Rhin : l’histoire nous a appris à nous en méfier un peu… Vous devriez consulter un ORL car vous n’entendez pas des deux oreilles en même temps. Je n’ai pas entendu les mêmes choses que vous. Les Allemands étaient moins laudateurs que vous avez bien voulu le dire, et nos amis de Die Linke notamment pas du tout ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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Jean-Pierre
Brard

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