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Santé visuelle des personnes âgées

Devons-nous autoriser les opticiens-lunetiers à réaliser des examens de réfraction dans les EHPAD ? Cette proposition vient souligner un problème de santé publique important : celui de la santé visuelle de résidents en perte d’autonomie. Or cette santé visuelle est un élément décisif de leur bien-être et d’une autonomie préservée dans les meilleures conditions. Les sujets de la perte d’autonomie et du grand âge appellent de grandes décisions pour assurer à chacune et chacun la meilleure santé et l’accompagnement adapté tout au long de la vie.
Près de 40 % des personnes de soixante-dix-huit ans et plus ne porteraient pas de lunettes adaptées à leur vue. Plusieurs explications sont possibles mais une chose est certaine : nous devons nous préoccuper davantage de cette question. La raréfaction de l’offre de soin en matière ophtalmologique est un problème rencontré par un grand nombre de nos concitoyennes et concitoyens. Elle résulte des logiques de numerus clausus et de compression des dépenses de santé, et n’est pas sans conséquences. Il y a indéniablement besoin d’un plus grand nombre de praticiens pour faire face. De plus, les disparités territoriales sont importantes.
Les patients se heurtent à des délais importants, même en cas d’urgence, pour obtenir une consultation, voire à des refus purs et simples quand ils ne sont pas déjà suivis. En ce sens, d’après une enquête récente de l’IFOP citée par la Cour des comptes, il fallait attendre en moyenne quatre-vingt-sept jours en 2017 pour obtenir un rendez-vous, soit dix de plus qu’en 2013 ; c’est le délai le plus élevé de toutes les spécialités médicales.
Un grand nombre de résidents en EHPAD renoncent, à leur plus grand désarroi : trop d’obstacles. Ce renoncement à y voir bien, à pouvoir regarder le visage des siens et le reconnaître, à pouvoir admirer un paysage, un tableau, est pour elles, pour eux, un renoncement à une part trop importante de la vie.
Le nombre d’opticiens-lunetiers a plus que triplé pendant que le nombre d’ophtalmologues stagnait. Sans renoncer à rendre plus accessibles les consultations d’ophtalmologie, cette réalité doit être prise en considération si nous voulons répondre concrètement aux difficultés rencontrées par nos concitoyennes et nos concitoyens. Mais il est pour le moins regrettable que, faute d’un nombre de praticiens suffisant, la puissance publique se voit obligée de recourir aux opticiens, qui ne sont pas habilités à détecter les pathologies de l’œil, susceptibles d’être nombreuses chez une personne âgée. C’est un aveu d’échec cuisant des dernières politiques de santé publiques car l’opticien n’est pas en mesure d’effectuer des tests médicaux approfondis.
La nouvelle faculté que vous proposez d’ouvrir doit être strictement encadrée afin d’éviter les dérives et les risques de conflits d’intérêts, auxquels j’ajoute le risque de démarchage. Madame la rapporteure, vous avez parfaitement compris ces inquiétudes et déposé des amendements en ce sens.
Nous le savons, cette première réponse ne sera pas suffisante, mais elle constitue un préalable intéressant pour renverser la tendance qui voit trop de personnes âgées renoncer à leur bonne santé visuelle. C’est pourquoi le groupe GDR et les députés communistes soutiennent la proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

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