Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur le thème « Quelles réponses à l’envolée des prix des produits de grande consommation ? »

QUESTIONS AUX INVITES

Je tiens d’abord à remercier les trois intervenants et à leur présenter mes excuses pour la réduction à cinq minutes de leur temps de parole, alors que je leur avais annoncé qu’ils disposeraient de huit minutes. Je n’avais pas vu surgir cette évolution ; il faut croire que je me suis assoupi lors de la conférence des présidents où elle a été décidée. Merci d’avoir répondu à notre sollicitation pour cette séance au format un peu particulier, lors de laquelle l’Assemblée siège dans une autre salle pour pouvoir recevoir des personnalités extérieures et s’ouvrir à des regards et à des analyses non issus des parlementaires.

Vous avez dressé des constats quant aux diverses causes de l’augmentation des prix : la spéculation, la décapitalisation, la loi de l’offre et de la demande, les contraintes extérieures – problèmes climatiques, guerre en Ukraine, rôle de la Chine, pandémie de covid-19 –, ou encore des mécanismes tels que le seuil de revente à perte mentionné par M. Andrault.

J’ai deux questions précises à vous poser. Premièrement, vous avez affirmé que l’envolée du cours des matières premières et la crise énergétique ne suffisaient pas à expliquer la hausse des prix des produits de grande consommation. Les industriels et les distributeurs ont-ils, selon vous, profité de la conjoncture internationale pour accroître indûment la rentabilité de leurs activités ? Je pense davantage aux multinationales qu’aux petites entreprises françaises du secteur agroalimentaire. Deuxièmement, comment pourrait-on, selon vous, optimiser la chaîne de valeur entre producteur et consommateur ?

Je m’en suis tenu à deux minutes, afin d’éviter un rappel à l’ordre de Mme la présidente.

Mme la présidente

La parole est à M. Philippe Chalmin.

M. Philippe Chalmin

Quoique nous ne l’ayons pas encore officiellement adopté et publié, je peux vous communiquer quelques éléments du rapport que l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires remettra début juin au Parlement. Je précise que ce bilan concerne l’année 2022 ; j’ai formulé quelques réflexions relatives à 2023, mais il s’agit de simples observations, car nous ne disposons pas encore de l’ensemble des informations nécessaires pour cette période.

Nous constatons clairement que, comme à leur habitude, l’industrie et la distribution ont joué en 2022 un rôle d’amortisseur. Pour chaque produit, nous calculons la part du prix de vente liée aux matières premières – c’est-à-dire principalement aux produits agricoles –, la marge brute des différentes étapes de l’industrie et la marge brute de la distribution en grande et moyenne surface (GMS). Sans vouloir généraliser, nous observons que la part des marges de l’industrie et de la distribution dans le prix final s’est tassée, par comparaison avec la part agricole, qui a augmenté. Ce tassement varie selon les filières : il affecte parfois la marge de l’industrie, souvent celle de la grande distribution. Je rappelle que ce phénomène concerne 2022 : compte tenu de notre mécanisme de négociations annuelles, il est clair que ce recul des marges sera partiellement rattrapé en 2023. J’ai donné l’exemple des pâtes alimentaires : le prix du blé dur a augmenté en 2021, ce qui explique que les pâtes alimentaires soient le produit le plus touché par l’inflation en 2022.

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