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Le déconfinement : quelle mise en oeuvre après une semaine

Réouverture des écoles

Vous avez affirmé il y a quelques instants, monsieur le secrétaire d’État auprès du ministre des solidarités et de la santé, que les enfants devaient reprendre le chemin de l’école. Nous sommes tout à fait d’accord. Il convient néanmoins de rappeler le contexte. Les enfants et les adolescents ont été confinés chez eux. Leurs parents se sont transformés en professeurs ou en instituteurs, ce qui n’a pas toujours été facile. Un rythme de vie s’est établi.

Vous affirmez que les enfants doivent absolument reprendre le chemin de l’école, mais en mettant un bémol à ce principe, puisque cette reprise s’effectue sur la base du volontariat, ce qui ne sera pas possible pour tout le monde – une telle décision ne saurait être volontaire dans les familles où les deux parents travaillent. Ce choix pose également problème en matière d’égalité républicaine, puisque vous rompez avec le caractère obligatoire de l’école en faisant un pas vers le volontariat.

Nous sommes par ailleurs confrontés à un contexte compliqué. Alors que les parents sont inquiets, on leur explique qu’ils doivent apprendre à vivre avec le covid-19 et qu’ils peuvent envoyer leurs enfants à l’école. Dans le même temps, on demande aux maires d’organiser les établissements afin que les distances sanitaires soient respectées. Ils reçoivent, quelques jours avant la reprise de l’école, un protocole complexe, dont on s’aperçoit ensuite qu’il s’agit d’un protocole type, ne correspondant pas forcément à l’ensemble des bâtiments, lesquels sont tous différents les uns des autres. Certains bâtiments scolaires ont été construits avant la guerre et d’autres après, les couloirs et les escaliers ne sont pas les mêmes : il y a toute une série d’ajustements à effectuer.

Les enfants ont subi un traumatisme. L’État consacrera-t-il les moyens nécessaires, financiers mais aussi humains, à les aider à combler leur retard ?

Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d’État auprès du ministre des solidarités et de la santé.
M. Adrien Taquet, secrétaire d’État. De manière générale, le retour des enfants à l’école se déroule correctement et progressivement. La prérentrée des enseignants a eu lieu lundi et, depuis mercredi dernier, les enfants retournent graduellement à l’école. Le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Jean-Michel Blanquer, a eu l’occasion de détailler les chiffres : plus de 90 % des communes ont ouvert des écoles et 80 à 85 % des écoles ont rouvert la semaine dernière. Il est vrai que certains établissements et certains maires sont confrontés à des difficultés, principalement d’ordre technique. Nous continuons ainsi à accompagner 3 000 communes sur le terrain. Il faut saluer, à cet égard, le travail des académies. Près de 20 % des élèves des écoles primaires ont été accueillis, et 55 % des 380 000 professeurs des écoles sont présents pour recevoir les enfants.

ar ailleurs, comme vous le savez, les collèges commencent à rouvrir depuis hier. Des périodes d’adaptation seront là aussi nécessaires : nous devons tous nous adapter à ce monde nouveau, dans lequel nous devrons apprendre à vivre avec le virus. À l’heure actuelle, 92 % des collèges sont ouverts et 25 % des élèves de sixième et de cinquième sont accueillis.

S’agissant des moyens à déployer pour traiter les effets du confinement sur les enfants, deux volets doivent être distingués : un volet pédagogique et, me semble-t-il – je parle ici en tant que secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance –, un volet psychologique. Pour ce qui est du volet pédagogique, le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse a évoqué les dispositifs de soutien en cours d’élaboration, qui seront déployés aussi bien avant que pendant l’été, notamment autour du concept de « vacances apprenantes », pour que les enfants, tout en bénéficiant de vacances, aient l’occasion de rattraper le retard qu’ils ont pour certains accumulé.

S’agissant des effets psychologiques que ressentent nos enfants, des consignes très claires ont été données aux professeurs pour que la question des effets du confinement soit abordée avec les élèves et qu’ils soient pris en charge, notamment par les psychologues de l’éducation nationale, s’ils présentent des troubles.

Sachez par ailleurs que je prépare, sur la base d’un travail formidable effectué par l’hôpital universitaire Robert-Debré, une grille d’analyse destinée aux parents, afin que ces derniers sachent détecter d’éventuels signes de mal-être chez leurs enfants – puisque tous ne vont pas à l’école – et s’assurer qu’ils soient pris en charge. La question des effets psychologiques du confinement sur nos enfants est un sujet important, auquel nous travaillons, avec Jean-Michel Blanquer et au sein du ministère des solidarités et de la santé.

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