Interventions

Explications de vote et scrutins

Travail : réforme des retraites

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, d’abord je veux élever une vive protestation, après toutes celles qui se sont exprimées, sur la manière dont est mené le débat à marche forcée, avec un règlement complètement anti-démocratique et qui conduit à ce que les députés que nous sommes soyons interdits de parole. C’est inacceptable. J’espère que les choses se modifieront.
La retraite à soixante ans, contrairement à l’idée que vous voulez accréditer, ce n’est pas fini, le combat pour défendre ce droit historique et de civilisation ne fait que commencer et ce n’est pas parce que vous allez essayer d’imposer un vote favorable avec votre majorité Union des milliardaires protégés, UMP, que vous parviendrez à faire en sorte que notre peuple, qui rejette dans son immense majorité votre loi régressive, rétrograde en matière sociale et en matière de vie et de progrès humain, l’adopte, je tiens à le dire d’emblée. D’autant que des projets alternatifs ont été proposés.
En ce qui nous concerne, nous les députés communistes et du parti de gauche, nous avons fait des propositions très concrètes ; elles sont contenues dans cette proposition de loi qui a été soumise au bureau de l’Assemblée nationale mais dont vous n’avez pas voulu débattre cartes en main. C’est la raison pour laquelle le combat va se poursuivre pour une alternative à votre loi qui est une loi régressive.
En particulier, nous avons des propositions de financement claires et nettes en ce qui concerne notamment la contribution des revenus financiers et spéculatifs. Je rappelle qu’un taux de 9,9 % rapporterait 30 milliards dans les caisses de la sécurité sociale.
Une véritable politique pour défendre les retraites et notre sécurité sociale, qui est menacée – c’est déjà l’objectif annoncé par le MEDEF durant son université d’été – une véritable politique de l’emploi, dans un pays qui compte 5 millions d’inactifs, est sans conteste la solution pour pérenniser le financement de notre système de retraite. Rappelons que 100 000 emplois, c’est 2 milliards de cotisations en plus.
Si on mettait en œuvre une véritable politique d’augmentation des salaires, on abonderait les caisses de la sécurité sociale – 1 % d’augmentation des salaires, ce sont 3 milliards de recettes. Si on supprimait les exonérations patronales qui sont mises en place depuis quelque temps au titre des heures supplémentaires, on ferait rentrer 10 milliards dans les caisses de la sécurité sociale. Le fameux bouclier fiscal, cher à Mme Bettencourt et à ses amis, cela représente 14 milliards de cotisations récupérables pour les caisses de retraite, sans compter les dettes patronales ou les dettes de l’État qui se montent au total à plus de 8 milliards d’euros.
L’argent existe, sauf que vous êtes là pour nous présenter une loi qui s’inscrit dans le prolongement de celles de M. Balladur et de M. Fillon, c’est le troisième étage de la fusée pour faire exploser notre système de retraite par répartition contrairement à vos affirmations.
Vous laissez d’ailleurs la place dans ce projet de loi à l’épargne retraite, à la solution individualisée avec des assurances pour préparer sa retraite – c’est ce à quoi vous voulez aboutir en 2018. À ce moment-là, vous direz, plutôt vos successeurs diront – mais j’espère que vous n’aurez pas de successeurs et que, d’ici là, les choses auront changé – vous direz que c’est un échec, qu’il faut passer au système de capitalisation cher à Mme Parisot, elle l’a réaffirmé à plusieurs reprises ces derniers temps.
Le combat pour défendre le droit à la retraite à soixante ans, pour défendre notre système par répartition, va se poursuivre : dès aujourd’hui dans les luttes qui sont organisées par le mouvement syndical uni et le 23 septembre prochain, à l’occasion de la grande journée d’action qui est d’ores et déjà annoncée et qui a tout notre soutien.
Il y aura aussi le débat qui va s’ouvrir au Sénat et, là encore, rien n’est joué pour vous.
Au-delà, le combat va se poursuivre. On a vu à certaines époques des lois qui avaient été votées ici au Parlement et qui ont été remises en cause, je pense au CPE. On a même vu à Versailles une majorité de 92 % qui s’était prononcée pour un fameux traité de Constitution européenne se voir contredite dans un référendum par le peuple français.
Chiche ! Pourquoi pas un référendum pour donner le dernier mot au peuple en ce qui concerne le droit à la retraite ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
 

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Alain
Bocquet

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