Interventions

Explications de vote et scrutins

Travail : réforme des retraites

Enfin on va pouvoir parler ! Il n’est pas trop tôt, c’est le moins qu’on puisse dire ! Je regrette beaucoup le débat que nous avons eu en 2003, pendant un mois, jour et nuit, y compris le week-end, pour discuter précisément de la réforme Fillon sur les retraites. Rappelez-vous ! Là nous avions le temps de discuter. Nous avions des avis tout à fait différents, mais au moins c’était projet contre projet.
Aujourd’hui, c’est une sinistre farce. Heureusement, la loi se fera dans la rue avant de se faire ici. Eh oui, c’est ce qui se passe quand on réduit de la sorte le rôle du Parlement ! Vous pensez avoir bien voté, mais vous n’avez rien résolu, croyez-moi ! D’abord, vous mettez fondamentalement en cause notre système de retraite par répartition. En accord avec l’essentiel des organisations syndicales, comme j’en ai eu confirmation ce matin, nous voulons le maintien des soixante ans comme âge légal de départ à la retraite et des soixante-cinq ans pour une retraite sans décote. Nous refusons absolument de toucher à cet âge-là. Certains disent qu’il ne faut pas en faire un dogme, mais c’est une question de justice essentielle pas uniquement pour ceux qui en bénéficieront, mais pour l’ensemble de notre pays, de notre peuple, car on raisonne toujours, dans cette affaire, comme s’il fallait aujourd’hui faire travailler plus ceux qui n’en peuvent déjà plus alors qu’il faut les faire travailler tous, en particulier les 4,5 millions de gens qui sont au chômage et parmi lesquels il y a beaucoup de jeunes, ce qui crée énormément de problèmes. Donc, soixante ans c’est clair, je veux le répéter ici, mais en même temps, nous sommes pour quarante annuités de cotisation. Dans le débat dont je parlais cette nuit, auquel participait un député UMP, tous les syndicats ont dit que le Gouvernement voulait instaurer la double peine : le passage de soixante à soixante deux ans – travailler plus jusqu’à soixante-sept ans – et l’augmentation des annuités de cotisation. Il faut tenir compte de ce fait majeur que, aujourd’hui, compte tenu de la situation du marché du travail, de la précarité généralisée, il faut que les femmes puissent encore faire des enfants et les élever. Quarante annuités de cotisation, vous pouvez calculer, avec des carrières entrecoupées, cela signifie que beaucoup de personnes ne pourront pas prendre leur retraite à soixante ans.
Oui, monsieur le président. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps de parole, mais je vais conclure.
En raison de la décote qui sera applicable et du niveau des pensions, la retraite sera donc impossible à prendre pour beaucoup de gens.
Le troisième problème est celui de la pénibilité. Sur ce point, je le dis comme je le pense, c’est scandaleux. Vous parlez de pénibilité du travail, et prétendez prendre en considération cette donne essentielle pour les hommes, les femmes et les jeunes, mais vous ne faites rien. Il suffit de lire votre texte : il faut au moins se couper le petit doigt pour prétendre aller devant la commission et voir si l’on ne peut pas avoir un petit quelque chose.
Si vous pensez en avoir terminé aujourd’hui, avec le vote que vous allez sans doute émettre, vous vous trompez complètement. Ce problème est un enjeu de société, un enjeu de civilisation, et notre peuple dans sa diversité se battra et gagnera, il n’acceptera jamais une régression sociale de cette importance.

Imprimer cet article

Thématiques :

Pouvoir d’achat Affaires économiques Lois Finances Développement durable Affaires sociales Défense nationale Affaires étrangères Voir toutes les thématiques