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Travail : réforme des retraites

Monsieur le président, dans cet hémicycle, il y a des groupes politiques mais également des députés non inscrits. Au nom de mon groupe, je proteste contre le traitement infligé à ces députés non inscrits (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC), tout aussi légitimes que les autres : ils sont, eux aussi, des élus du peuple ! (Mêmes mouvements.)
Au nom du groupe des députés communistes, républicains, du parti de gauche, des Verts et des ultramarins, je proteste solennellement contre votre putsch de ce matin, commis sur ordre de l’Élysée. Le Gouvernement est aux abois, empêtré dans le maquis des affaires et les règlements de compte internes à votre majorité. (« La parole à Garrigue ! » sur de nombreux bancs du groupe SRC.) Ses tentatives de diversions en excitant des relents xénophobes sur le dos des populations roms qu’il désigne à la vindicte populaire n’ont pas réussi. Des dizaines de milliers de manifestants vous l’ont dit le 4 septembre : vous jetez la honte sur notre pays ! Qui a dit : « Le présumé coupable », bafouant ainsi les valeurs de notre République ? C’est le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux.
Face à la montée du rejet de votre texte sur les retraites par les Français, dont nous sommes tous les représentants dans cet hémicycle, y compris les députés non inscrits, il ne vous reste que l’autoritarisme et le manque de courage ! Où est le Premier ministre en ce moment, alors que nous allons voter cette contre-réforme antisociale ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)
Depuis le début, vous avez tout fait pour museler le débat : aucune négociation avec les syndicats, mais un simulacre de discussion ; un examen en commission fin juillet pour empêcher le débat avec la nation ; une seule lecture tellement vous êtes pressé d’imposer cette contre-réforme et tellement vous avez peur de l’expression du peuple français ; la contrainte, une fois de plus, du temps limité. Depuis ce matin, votre agence de com vous fait répéter en boucle que la démocratie moderne, c’est de délibérer à la va-vite. Si c’est cela votre modernité, nous vous la laissons ! Soixante-deux heures de débat, soit moins de sept minutes par député ! C’est ce que vous appelez la démocratie ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.) Oui, chers collègues, la démocratie est en berne !
Ce gouvernement est un gouvernement de menteurs, du Président de la République à l’arrière-ban des ministres (« Démocratie ! Démocratie ! » sur de nombreux bancs du groupe SRC) mensonge sur vos comparaisons européennes, mensonge sur la démographie, mensonge à propos de la situation des femmes devant la retraite, mensonge sur les fonctionnaires, mensonge sur la pénibilité, mensonge sur la médecine du travail, mensonge sur l’efficacité financière de votre réforme ! L’équité, pour vous, cela s’applique toujours entre pauvres, mais lorsqu’il s’agit de taxer les richesses, l’équité disparaît. Ce mépris des élus du peuple, des syndicats et du peuple tout entier est insupportable. Vous avez ajouté la régression démocratique à la régression sociale.
Les Français refusent votre loi : 57 % sont contre le report de l’âge de la retraite à soixante-deux ans, 65 % contre le passage à soixante-sept ans pour toucher une retraite sans décote, et les deux tiers jugent vos concessions sur la pénibilité et sur les carrières longues insuffisantes. À la dernière minute, bien entendu sans aucune négociation avec les syndicats, des amendements scélérats ont été introduits pour casser la médecine du travail. Une fois de plus, lorsque le MEDEF bloque tout accord, vous nous imposez sa loi.
De même, votre asservissement au marché et aux compagnies d’assurance vous conduit à imposer la retraite par capitalisation aux Français, qui la refusent. Votre objectif, malgré tous vos mensonges, est la casse de la retraite par répartition, solidaire et contributive.
Ce sont toujours les mêmes qui trinquent : 80 % de l’effort pour les salariés et le travail, 7 % seulement pour les hauts revenus ! Ce sont les femmes, les jeunes, les retraités les plus pauvres à qui vous demandez de se serrer la ceinture, pas à vos amis du Fouquet’s, du Bristol et du Premier cercle.
Le 24 juin, près de deux millions de travailleurs étaient dans la rue pour exprimer leur refus. Pendant tout l’été, la mobilisation a continué, et les députés du parti communiste et du parti de gauche ont rencontré un accueil chaleureux lors de la présentation de la pétition de soutien à leur proposition de loi pour la retraite à soixante ans : elle a rassemblé 120 000 signatures. Nous avons ainsi montré qu’il y avait bien trois projets. Le 7 septembre, près de trois millions de manifestants ont renouvelé leur opposition. 70 % des Français souhaitent la poursuite de ces mobilisations, et des mouvements de grève sont déjà annoncés dans plusieurs branches pour le 23 septembre, y compris dans le secteur privé. Nous serons à leurs côtés ! Aujourd’hui, nous voterons contre ce texte.
Nous sommes très fiers, devant vous, messieurs les ministres, mesdames, messieurs les députés de la majorité, qui allez asséner ce sale coup au peuple français, d’avoir été à la rencontre des manifestants Place de la Concorde (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC) pour leur dire que nous sommes avec eux pour défendre les vraies idées de progrès : la retraite à soixante ans à taux plein, sans allongement de durée de cotisation et sans décote. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et sur quelques bancs du groupe SRC.) La retraite, ce n’est pas une aumône ; c’est un droit, et c’est possible. Vous avez perdu cette bataille devant l’opinion publique ; les sénateurs vont reprendre le flambeau pour ce qui est du Parlement ; et vous serez obligés de reculer ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)
 

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Martine
Billard

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