Interventions

Explications de vote et scrutins

Projet de loi de finances rectificative pour 2011

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Brard.
M. Jean-Pierre Brard. Nous arrivons, monsieur le ministre, au terme de nos débats, et je crois vous entendre ajouter « Enfin ! ». Tout ce que vous nous avez présenté est l’esprit même de votre politique.
Rappelez-vous ce que promettait Nicolas Sarkozy – avant même que vous deveniez un sarkozyste acharné – pendant la campagne présidentielle. Il disait vouloir réduire la pauvreté, l’exclusion et la précarité en rétablissant le plein-emploi. Ensuite, à peine installé rue du Faubourg Saint-Honoré, il a fixé au Gouvernement l’objectif de réduire d’au moins un tiers en cinq ans la pauvreté dans notre pays. Dans une entreprise, des salariés qui auraient si mal accompli leur tâche auraient été remerciés, mais vous et vos collègues êtes toujours au Gouvernement !
Un rapport de l’INSEE de mardi dernier, accablant pour vous, nous apprend que 8,2 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Selon l’Observatoire de la pauvreté, ce chiffre a augmenté de 9 %, depuis 2002. Cela signifie que 13,5 % de la population, soit un Français sur huit, dispose de moins de 954 euros par mois pour vivre. Savez-vous ce que cela représente de difficultés à joindre les deux bouts, à donner à manger à ses enfants ?
Le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté le mois dernier, avec 24 300 inscrits supplémentaires, pour s’établir, toutes catégories confondues, à quatre millions cent vingt-huit mille chômeurs. C’est un des plus mauvais chiffres depuis février 2000.
Pendant la même période, les riches se sont gavés ; ou plutôt, vous les avez gavés ! Un rapport de l’INSEE de juin 2011 montre que le dixième le plus aisé de la population, c’est-à-dire vos amis, les très, très riches, les Marc Ladreit de Lacharrière, les Lagardère, les Bettencourt, pour ne citer qu’eux, disposaient en 2003 de 23,4 % des revenus totaux des ménages. En 2008, ils ont encore plus – 24,3 % –, malgré la crise !
Vous n’avez cessé de les choyer, en les couvrant affectueusement de cadeaux fiscaux, tels que le bouclier ou la réforme de l’ISF. Voilà la réalité de votre politique de classe : toujours moins pour la majorité des Français, toujours plus pour une petite minorité, les repus, les pansus, les nantis et les privilégiés…
M. Pascal Clément. Le grand soir est proche ! C’est la lutte finale ! (Sourires sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jean-Pierre Brard. Ne vous en faites pas, monsieur Clément, le grand soir, nous y pensons, et vous êtes sur la liste ! (Rires.)
Le choix de l’austérité qui est le vôtre en réponse au spectre de la dette est celui de la soumission au marché.
M. Yves Nicolin. Quel baratin !
M. Jean-Pierre Brard. L’austérité, c’est le nivellement par le bas de notre pays. Nicolas Sarkozy lui-même, le 22 juin 2009, devant le Congrès, affirmait : « Je ne ferai pas la politique de la rigueur parce que la politique de la rigueur a toujours échoué ».
Pourtant, vous avez arbitré en faveur de mesures qui impactent directement le portefeuille de la majorité de nos concitoyens, lesquels subissent le chômage : 12 milliards d’euros d’économies en deux ans, sans vous attaquer aux causes du déficit…
M. le président. Merci, monsieur Brard !
M. Jean-Pierre Brard. Monsieur le président, puisque vous m’y incitez, je ne tiendrai pas l’intégralité de mon propos (« Très bien ! » sur les bancs du groupe UMP) et je me contenterai d’une recommandation. Monsieur le ministre, vous qui fûtes gaulliste et avez troqué votre fidélité au bénéfice d’Alain Minc,…
M. Jean-Luc Reitzer. Nous sommes toujours gaullistes !
M. Jean-Pierre Brard. …je vous recommande de relire les mémoires du général,…
M. Jean-Luc Reitzer. C’est la meilleure ! Tout le monde est gaulliste !
M. Jean-Pierre Brard. …et particulièrement ce passage : « L’œuvre économique commande directement le destin national et engage à tout instant les rapports sociaux. Cela implique donc une impulsion, une harmonisation des règles qui ne sauraient procéder que de l’État. »
M. Jean-Luc Reitzer. Vive de Gaulle !
M. Jean-Pierre Brard. Oui, mes chers collègues : qui ne sauraient procéder que de l’État, et non des banquiers, des spéculateurs et des profiteurs ! (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes UMP et NC.)
Pour toutes ces raisons, le groupe GDR votera contre l’ensemble du texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

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Jean-Pierre
Brard

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