Interventions

Explications de vote et scrutins

Pt const. relatif à la liberté de recourir à l’IVG

Ne jamais baisser la garde ; ne jamais penser que les droits que nous avons si durement acquis nous seront toujours assurés. Oui, le combat pour le droit des femmes à disposer de leur corps est plus que jamais d’actualité dans notre pays.

Il suffit d’ailleurs de mesurer les moyens déployés par les opposants à l’IVG pour comprendre que le débat n’est pas terminé. Encore aujourd’hui, ce sont les mêmes qui s’opposent à l’éducation à la sexualité et à la vie affective, les mêmes qui subventionnent des plateformes de désinformation sur la contraception et l’avortement, les mêmes qui culpabilisent les femmes pour qu’elles renoncent à avorter.

Le projet de loi sur lequel nous nous prononcerons ce soir est présenté dans un contexte particulier : les droits de millions de femmes dans le monde sont en recul. Nous ne pouvons pas baisser la garde !

Ce soir, nous pouvons inscrire un droit fondamental dans notre Constitution, qui garantira aux femmes la liberté d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse. Un vote favorable ferait de la France l’un des premiers pays au monde à protéger ce droit aussi fermement et je serai fière de cette avancée. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES et Écolo-NUPES.)

Pour le groupe GDR et moi-même, ce vote est tout sauf anecdotique. Il s’inscrit dans la continuité d’un long combat féministe et je voudrais rendre ici hommage à ces femmes, à ces militantes et à ces associations qui se sont battues pour l’accès libre à la contraception et pour la légalisation de l’avortement ; j’en profite pour les applaudir.

Depuis près de cinquante ans, avorter n’est plus un crime. En 1974, Simone Veil prenait la parole dans cet hémicycle pour défendre un projet de loi qu’elle qualifiait de « solution à la fois réaliste, humaine et juste » pour répondre à la souffrance des femmes qui avortaient clandestinement. Grâce à elle, enfin, nous avions le choix.

Si cela fait près de cinquante ans que les femmes ne meurent plus en avortant, c’est parce que la loi les protège. Plusieurs générations de femmes ont souffert de ne pas avoir ce choix. Plusieurs générations de femmes sont mortes parce qu’elles voulaient faire le choix de ne pas enfanter, de ne pas devenir mères. Malheureusement, nous constatons bien que ce droit est toujours remis en cause par celles et ceux qui n’accorderont jamais de nouveaux droits aux femmes. Ce droit est remis en question par celles et ceux qui ont une vision conservatrice de la femme dans notre société.

Aux États-Unis, il a suffi d’un arrêt de la Cour suprême pour que le droit à l’avortement soit remis en cause et que quatorze États l’interdisent. Plus près de nous, en Pologne et en Hongrie, l’extrême droite au pouvoir s’en prend violemment aux droits des femmes. Ces exemples démontrent bien le danger que de telles décisions représentent, y compris en France. C’est la raison pour laquelle nous ne voulons pas attendre que ce risque se transforme en réalité pour agir : nous ne voulons pas que ce droit si durement acquis soit confisqué.

Ce projet de loi constitutionnelle est une nécessité. Pour autant, il faut garantir partout en France le droit effectif à l’interruption volontaire de grossesse, en y consacrant les moyens nécessaires.

Ce projet de loi constitutionnelle pose problème à ceux qui ne défendront jamais le droit à l’avortement et qui ne garantiront jamais aux femmes leur indépendance. Le combat du groupe GDR pour les droits des femmes s’inscrit dans la lignée des grandes luttes féministes d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Parce que jamais nous ne baisserons la garde, nous voterons pour ce projet de loi constitutionnelle. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)

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