Interventions

Motions de censure

Motion de censure GDR FI Socialiste

C’est fini messieurs dames, la cavale n’a que trop duré. Il faut vous rendre, maintenant, vous rendre à l’évidence. Nous en sommes là avec cette motion de censure : ouvrir les yeux, mesurer la gravité du moment, réaliser la violence de ce qui est à l’œuvre.

Dès le départ, cette réforme a provoqué l’inquiétude, la colère et le rejet. Massifs. C’est l’histoire d’un cube qu’on voudrait faire rentrer dans un cercle, c’est l’histoire d’une poule qu’on voudrait faire voler, c’est l’histoire d’une vieille charrette sur un chemin de garrigue, c’est l’histoire d’un fiasco retentissant.
Derrière votre conte merveilleux, chaque étape a été un échec, chaque étape a été tronquée, à chaque étape vous avez trébuché : depuis la discussion avec les partenaires sociaux jusqu’à l’examen en séance de l’Assemblée nationale, en passant par le Conseil d’État et la commission spéciale. Depuis le début, c’est l’histoire d’un passage en force. Depuis le début, le Gouvernement a fait la sourde oreille. Face à un formidable mouvement social, il a attendu la fin de l’orage, en se disant que ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Et, tout mouillé, depuis des mois maintenant, il regarde ailleurs.

Mais comment imaginer qu’une réforme d’une telle ampleur puisse être adoptée dans ces conditions ? Le Gouvernement n’est pas la victime, dans cette affaire : il est l’agresseur, l’auteur d’une agression sociale caractérisée. Cette réforme qui nous est présentée sous le jour de l’universalité et de la justice, chacune et chacun a compris qu’elle n’en avait au mieux que les apparences.

Le droit à la retraite est un bien précieux, durement acquis, et une question sensible. À chaque fois qu’il a été abîmé, il a été vigoureusement défendu. Cette motion de censure défend le droit à la retraite (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, SOC et FI), un droit que l’on partage, un droit que l’on ne veut plus voir attaqué, un droit que l’on veut savoir garanti. Le droit d’être libéré du travail prescrit, le droit à une vie bonne, au travail et à la retraite, sur une planète dont chacun pour sa part a les moyens de prendre soin.

Chaque discussion n’a été qu’un monologue terminé en eau de boudin. Les débats nécessaires de notre assemblée, ces derniers jours, qui vont ont tant agacés et irrités, ont mis en lumière les nombreux faux-semblants, les dangers, l’impréparation. Et cela était à l’image de ce qui se passe, se pense et se dit dans le pays, ne vous en déplaise.

Nous ne sommes pas venus ici pour nous faire piétiner. Mais parce que tout cela lui était insupportable, pour abréger ses propres souffrances, pour prendre la tangente avec son paquet sous le bras, sans répondre aux questions sur l’âge ou le taux de remplacement, le Gouvernement a choisi le coup de force final. Il a choisi d’utiliser cet article 49 alinéa 3 comme une signature. C’est une brutalité contre le Parlement et contre la démocratie. Cet acte d’autorité est en réalité un acte de faiblesse.

Le Premier ministre a décidé d’engager, a-t-il dit, « la responsabilité du Gouvernement ». Mais quelle responsabilité ? Quand une réforme provoque un tel refus, la responsabilité c’est de l’entendre, la responsabilité c’est de le reconnaître, la responsabilité c’est d’en tirer leçon. La seule attitude de responsabilité qui vaille consiste à retirer ce texte et à ouvrir une véritable discussion. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et quelques bancs des groupes SOC et FI.)

Nous avons beaucoup proposé : le retrait pour engager un vrai débat, le référendum pour un vrai choix démocratique, une autre réforme pour un vrai progrès social. Mais cette réforme, le Gouvernement a voulu l’écrire seul, irréversible et indélébile. Parce qu’elle est insupportable, notre obsession demeurera toujours de l’effacer.

J’en connais qui se drapent dans leur orgueil pour se rassurer, qui se convainquent que le fait majoritaire leur donne à tous les coups raison, qui repeignent en courage ce qui n’est qu’un piteux délit de fuite.

Exercer le pouvoir, c’est rassembler, c’est construire avec le peuple. Ce gouvernement en est incapable.

Depuis bientôt trois ans, il a mis dans la rue à peu près tout le monde hormis les actionnaires du CAC 40. Le pays se rappelle à lui sans cesse et lui ne le voit pas, ne l’entend pas, ou plutôt ne le veut pas voir ni entendre. On m’a redit ces derniers jours combien ce mépris était insupportable. Ce recours au 49.3, ce CAC 49.3 pourrait-on dire, est comme un triste néon qui le met en lumière. Le Gouvernement a beaucoup fait pour être censuré, il ne faut pas le décevoir.

Il existe une solution alternative. Pour la mettre en œuvre, il faut que se rassemblent les forces de gauche comme elles l’ont fait autour de cette motion.

Cette motion de censure est le cri d’un pays en colère, la voix d’un pays qui n’accepte pas d’être ainsi maltraité.

C’est le chant d’un pays qui refuse le libéralisme et espère la justice sociale ; c’est la parole d’un peuple qui convoque les élus à la barre pour rendre des comptes.

Cette motion pose à chacune et à chacun la question : cette réforme doit-elle être ainsi adoptée ? Le pouvoir doit-il continuer d’être ainsi exercé ? Le niveau de défiance, de crise auquel nous sommes parvenus appelle une prise de conscience, un changement, un renouveau social et démocratique. Ce gouvernement doit être censuré. Fin de cavale ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SOC et sur plusieurs bancs du groupe FI.)

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