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Questions au gouvernement

Elections régionales en PACA

C’est avec le regard et l’émotion d’un député du Front de gauche de la région PACA que je veux adresser ma question à M. le Premier ministre.
Les démocrates de ma région sont sous le choc. Nous vivons un moment terrible et grave, qui appelle un véritable deuxième état d’urgence. Notre responsabilité dans ces résultats est très certainement collective. Toutefois, les choix politiques de la droite qui a, pendant des années, augmenté la dette et le chômage, réduit les moyens, donc l’efficacité de services publics majeurs tels que l’éducation nationale, la police, la justice ou encore l’hôpital public, qui a aussi blessé la démocratie et ouvert la porte à tous les amalgames et toutes les intolérances, portent une responsabilité majeure.
Notre gouvernement actuel, pris dans le carcan austéritaire et libéral européen qui mène l’Europe à sa ruine, n’a pu corriger et infléchir cette dérive. Les Français souffrent, les salaires n’ont jamais été aussi bas, le chômage n’a jamais été aussi élevé, avec comme seule perspective de voir les licenciements facilités, les entreprises recevoir des milliards sans contre-parties en termes d’emploi ou de voir baisser les moyens des collectivités territoriales.
Les Français souffrent et, comme cela ne suffisait pas, la réforme territoriale mise en place sans consulter les citoyens n’est pas comprise.
En PACA, la métropole marseillaise vacille déjà à l’occasion de l’élection de son président, qui fut une mascarade !
Aujourd’hui se pose la question de l’infléchissement de ces choix politiques.
Dimanche prochain, l’absence au deuxième tour de toute force de gauche dans ma région laisse le FN à même de s’engouffrer, sans contrôle, dans des politiques ultralibérales, antisociales, stigmatisantes et sécuritaires dramatiques pour les citoyens.
Mme la présidente. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député, chacun d’entre nous, moi le premier, est prêt à entendre les souffrances, les urgences, les attentes de nos concitoyens pour mieux comprendre, si cela était nécessaire, les raisons qui expliquent l’abstention et le vote en faveur de l’extrême-droite dans une région, la vôtre, où il y a à la fois des défis considérables, de la pauvreté et beaucoup de richesses.
Je voudrais uniquement vous rappeler, si nous poursuivions sur cette analyse, que l’une des régions qui a connu l’un des conflits sociaux les plus lourds, ces dernières années, l’une des régions qui connaît une des crises majeures de l’agriculture et de son territoire rural, c’est la Bretagne. Vous voyez bien, monsieur Gaby Charroux, que parfois les électeurs, dans des circonstances difficiles, peuvent être amenés à faire aussi d’autres choix. En l’occurrence, ils ont fait confiance au ministre de la défense Jean-Yves Le Drian. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Cela veut dire que s’en tenir aux seules explications économiques et sociales, même si elles sont indéniables, ne suffit pas. En ce qui concerne ces régions, pour que les choses soit claires, je veux rappeler qu’il y a quatre départements d’outre-mer, où il y a des élections dimanche prochain. Je veux rappeler qu’en Corse, il y a des élections dimanche prochain. Je veux rappeler que, dans neuf régions de l’hexagone, il y a un deuxième tour avec des triangulaires. Dans ces quatre régions d’outre-mer, en Corse et dans ces neuf régions de l’hexagone, la gauche est rassemblée et elle peut l’emporter. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) Moi, monsieur Gaby Charroux, ce qui m’intéresse, c’est que ce rassemblement puisse l’emporter.
Dans trois autres régions, parce que c’est ainsi que la majorité en a décidé – c’est l’honneur du Gouvernement que je préside et du Parti socialiste que d’avoir dit les choses clairement –, quand la République est en cause, il n’y a pas d’autre décision à prendre que celle que nous avons prise.
Cette décision est difficile pour les élus et les militants. Elle est difficile aussi, bien sûr, pour la majorité sortante en PACA, qui avait permis par exemple, avec le soutien de l’État, de sauver et de soutenir Fralib. J’ai encore en mémoire ce qu’un responsable de la CGT de cette entreprise disait il y a quelques jours sur le rôle de la région et de l’État.
Je comprends parfaitement ce que cela peut représenter pour ces élus et pour ces militants, mais quand la République est en cause – l’histoire de votre parti le montre bien –, on va directement à l’essentiel. On appelle à voter contre le Front national et pour ceux qui aujourd’hui peuvent sauver les régions Grand-Est, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et PACA de l’extrême-droite.

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